le Mardi 2 septembre 2025
le Jeudi 13 avril 2023 11:50 Culture

Chercher la lumière dans la nature et l’enchevêtrement

Chercher la lumière dans la nature et l’enchevêtrement
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La peintre Emelie Robertson, basée à Fort Smith, présente sa perception des paysages nordiques dans l’exposition Seeing Through à la galerie du centre d’information touristique de Yellowknife.

L’œuvre d’Emelie Robertson « est peutêtre le meilleur exemple de l’expressionnisme abstrait nordique que j’ai vu », dit Sarah Swan, du Yellowknife Artist Run Community Centre, également commissaire de l’exposition Seeing Through au Visitor Centre & Gallery, situé à l’intérieur du Centre Square Mall, à Yellowknife.

(Photo: Cristiano Pereira)

Ceux qui y entrent sont alors exposés à onze œuvres disposées autour de la pièce, et qui ont toutes un dénominateur commun : elles représentent les formes de la forêt boréale déformées par le regard de la peintre.
La forêt n’est pas un habitat inconnu pour l’artiste : elle a grandi dans le nord-ouest de l’Ontario où elle passait beaucoup de temps dans les bois, avant de déménager à Fort Smith, il y a trois ans, pour travailler comme pompier au parc national de Wood Buffalo.
Et c’est au milieu de tout cela, il y a quelques années, qu’un moment marquant a fait basculer sa vie vers la production artistique : au cours d’une excursion en canoë, à la fin d’une journée, elle s’est assise sur la rive et a commencé à mélanger des acrylique pour peindre le lac et l’eau.
« J’ai été très inspirée et j’ai ressenti ce moment comme une sorte de changement de vie, confie-t-elle. Dès lors, je suis tombée amoureuse de la peinture. » Elle n’a pas tardé à obtenir un diplôme de l’Université de Guelph en 2019 avec une BA (H) en Studio Art, et de continuer à peindre « juste pour le plaisir de peindre ».
La vie l’a finalement portée à For t Smith, et son métier de pompier dans le parc national de Wood Buffalo a renforcé sa relation avec la forêt. « Je ne dirais pas que le feu a été ma grande source d’inspiration pour la peinture, c’était plutôt le fait de passer du temps dans le bush d’une manière différente », dit-elle.

Un processus créatif inspiré par la nature
Emelie raconte que, parfois, dans le cadre de la lutte contre les incendies, elle passait deux semaines à camper dans la forêt, entourée des éléments de la nature. « Et cela a certainement été une source d’inspiration en termes de nouvelles perspectives. Cela m’a permis d’éprouver de nouvelles émotions avec la forêt. »

(Photo: Cristiano Pereira)

« Mes expériences dans la nature m’ont donné une sorte de bibliothèque d’émotions associées à la mémoire, et le feu y ajoute beaucoup », continue l’artiste. « Je pense que j’ai eu des souvenirs anxieux, des souvenirs stressants. J’ai découvert un autre aspect de la forêt, c’est certain, et j’ai appris qu’il faut respecter le feu comme il faut respecter la nature. »
« Mes expériences dans la nature m’ont donné une sorte de bibliothèque d’émotions associées à la mémoire, et le feu y ajoute beaucoup », continue l’artiste. « Je pense que j’ai eu des souvenirs anxieux, des souvenirs stressants. J’ai découvert un autre aspect de la forêt, c’est certain, et j’ai appris qu’il faut respecter le feu comme il faut respecter la nature. »
Emelie avoue se demander parfois, dans ses pensées et dans ses conversations avec « l’invisible », pourquoi elle peint la nature. « J’essaie de retrouver ce sentiment d’émerveillement, comme lorsque nous étions enfants et que la nature nous enchantait », précise-t-elle. Mais ce sentiment ne se manifeste pas toujours, signale-t-elle. « C’est tout simplement parce que nous avons pris nos habitudes. » Selon elle, il est donc essentiel de continuer « à essayer de rechercher ce sentiment d’être ému et d’être complètement connecté. »
Ce qui est particulièrement fascinant dans la peinture d’Emelie, c’est que sa perception du paysage nordique ne se limite pas à une observation blasée, mais qu’il s’agit plutôt d’un acte contemplatif, qui semble déclencher une fusion entre deux domaines distincts : ce qui se passe dans la tête de l’artiste et le squelette des arbres qui poussent de la terre vers le ciel.
En d’autres termes, les labyrinthes mentaux semblent trouver un écho dans la confusion des troncs et des branches qui s’entrelacent et s’entremêlent. La tension de ces forces prend forme dans le mouvement des pinceaux.
L’artiste en dit encore plus dans un texte recueilli par Sarah Swan : « Dans l’enchevêtrement, je cherche toujours ces fenêtres de lumière. Je pense parfois que l’enchevêtrement est littéralement tout mon processus mental, tout le stimulus. Mais alors que je cherche la lumière audelà, je suis également hypnotisée par la beauté et l’intrigue des formes qui se chevauchent. »