Une quarantaine de vendeurs serviront de la nourriture et vendront des produits sur la place Somba K’e, à Yellowknife. Ce sera ainsi chaque mardi jusqu’au 12 septembre.

Cristiano Pereira

Mardi prochain, le 6 juin, à 17 heures, les percussions des Yellowknife Dene Drummers se feront entendre sur la place Somba K’e à l’occasion de l’ouverture officielle du marché fermier de Yellowknife 2023.

Tous les mardis, jusqu’au 12 septembre, le marché reviendra pour que les producteurs et récoltants locaux puissent présenter leurs produits à la population.

Pour cet été, quelques chiffres permettent déjà de se faire une idée de la dimension du marché. Au total, une cinquantaine de vendeurs se sont inscrits. La plupart des semaines comptent en moyenne 40 vendeurs. Nous y comptons quelques vendeurs de produits de récoltes, des artisans et plus de 30 vendeurs d’aliments avec concession alimentaire pour vendre des produits de boulangerie ou produits transformés.

« Le principe primaire du marché fermier est que tout ce qui est sur place vient de Yellowknife », souligne France Benoit, présidente du conseil d’administration du Marché Fermier. En gros, ça veut dire que tout « pousse et est assemblé à Yellowknife ». Il y a eu un temps où on recevait les producteurs et les vendeurs de Hay River ou Fort Simpson, mais aujourd’hui, avec l’augmentation du prix du carburant, cela ne se produit plus parce que ce n’est pas rentable.

Cette année, le marché a une saveur particulière : il célèbre son 10e anniversaire. Et c’est précisément France Benoit qui était à l’origine de tout cela il y a 10 ans. C’est elle qui a fait décoller le marché, encourageant un projet qui s’est avéré un succès et qui a été bien accueilli dans la capitale ténoise.

Elle rappelle que le marché a démarré en 2013, mais que l’idée et la préparation ont commencé bien plus tôt. Tout a commencé en même temps que la « révolution alimentaire qui a eu lieu dans le monde avec les crises environnementales et les gens qui voulaient manger plus local ». Pendant l’automne 2012, un groupe de personnes a commencé à se réunir pour échanger des idées et chercher à mettre en place un marché à ciel ouvert. « Et finalement, le bébé est né en juin 2013 », raconte-t-elle. Il a commencé à ramper avant de faire ses premiers pas.

« Au début, on était seulement dix vendeurs, mais des personnes ont commencé à nous contacter pour nous dire qu’elles étaient intéressées à venir vendre au marché », dit la responsable du marché.

« On savait bien à l’époque qu’il n’y avait pas énormément de production maraichère locale, donc ce qui était pour ancrer le marché fermier c’était des gens qui allaient préparer de l’artisanat et également des plats, des gens capables de confectionner des plats à partir de chez eux et de les amener au marché », rappelle Mme Benoit. « C’est l’approche qu’on a prise, on s’est dit de commencer le marché et essayer d’encourager le plus la production maraichère locale, mais on savait bien que pendant plusieurs années, ce qu’il ferait vibrer le marché, c’était les gens qui font des plats », continue-t-elle.

Rapidement, tout le monde s’est rendu compte que le marché était le reflet de la mosaïque de la population de la capitale ténoise. « Yellowknife est une ville extrêmement cosmopolite, on a toutes sortes de nourriture et c’est vraiment multiculturel la bouffe qui est servie au marché », considère la présidente du conseil d’administration.

Mais, en gros, quel est l’avantage d’acheter des plats ou de la nourriture au marché plutôt qu’au supermarché indépendant ? France Benoit répond sans hésiter : « L’argent reste sur place et va directement au vendeur. » Elle précise que presque tous les produits présentés dans les supermarchés viennent de l’extérieur avec « le cout du transport et le cout des émissions de gaz à effet de serre ». Donc, il n’y a ni doutes ni ambigüités : l’attrait principal du marché fermier « c’est de savoir que chaque sou qui est dépensé là revient au vendeur, que c’est d’ici ». La responsable du marché explique aussi que presque tous les vendeurs du marché « sont des microentreprises, car la plupart des personnes ont un autre emploi ».

Ce sentiment est partagé par Joslyn Mitch, qui fait également partie de l’équipe chargée de l’organisation du marché. Elle ajoute que « l’une des meilleures choses est que l’on peut rencontrer la personne qui a créé le produit pour nous, et qu’on peut parler avec elle de la façon dont elle l’a fait et peut-être même apprendre comment on peut le faire chez nous ».

Joslyn Mitch souligne que ce partage des compétences est très important pour « transmettre des connaissances sur le développement durable, pour devenir capable de cultiver sa propre nourriture ».

« Un tiers des vendeurs sont nouveaux, ce qui est une bonne chose, car ils nous apportent du sang neuf », ajoute France Benoit. Elle parlait à l’intérieur de sa serre en plein centre-ville, entourée d’échalotes et d’épinards qui ont été plantés en avril. « C’est ma première récolte », dit-elle en regardant autour. « Je vais tout récolter dans quelques jours et en faire des plats que j’emmènerai au marché. Ensuite, je planterai une deuxième récolte ici dans la serre, qui sera constituée de tomates et de fines herbes ».

Au fil des ans, le marché a montré qu’il n’était pas seulement un lieu de vente de produits « mais aussi une fête culturelle et communautaire qui a lieu tous les mardis pendant quinze semaines ». Le 10e anniversaire du marché sera célébré par plusieurs évènements et initiatives, notamment des activités destinées aux familles.

Un atelier d’apprentissage des techniques de jardinage pour les jeunes est prévu. Joslyn Mitch dit aussi qu’« on distribuera des semences gratuites pour encourager un plus grand nombre de personnes à cultiver leur propre nourriture ».

Avec beaucoup de musique et d’animation, le dixième anniversaire sera également célébré par une « Saladbration » : une salade communautaire géante sera créée.

L’équipe du marché fermier se donne pour mission la création d’un système alimentaire équitable et durable et la promotion d’une communauté économiquement et écologiquement durable. Le marché fermier de Yellowknife 2023 se tiendra tous les mardis du 6 juin au 12 septembre, entre 17 h 15 et 19 h 15 sur la place Somba K’e, au centre-ville de Yellowknife, à l’exception de la troisième semaine de juin, où le marché se tiendra le lundi 19 juin, en raison de la Journée nationale des peuples autochtones au même endroit.