
« Un Divan à Tunis » a été nommé au César du meilleur premier film en 2021.
Avec Un divan à Tunis, nommé au César du meilleur premier film en 2021, la réalisatrice franco-tunisienne Manele Labidi signe une entrée remarquable dans le monde du cinéma. Née à Paris dans une famille d’origine tunisienne, la cinéaste s’est d’abord tournée vers les sciences politiques et la finance avant de s’engager dans l’écriture de scénario, puis la réalisation. Un divan à Tunis est le premier long métrage de la réalisatrice, une comédie sociale pleine de finesse. Le film met en lumière la talentueuse Golshifteh Farahani, actrice franco-iranienne au parcours international. Elle y incarne Selma, jeune diplômée de psychanalyse, revenue s’installer à Tunis après des années passées en France.
Après avoir emménagé en France à l’âge de dix ans avec ses parents, cette trentenaire indépendante et solitaire décide de retourner sur sa terre natale. Son projet, ouvrir un cabinet sur le toit de la maison familiale dans une banlieue populaire de Tunis. Armée de son divan de consultation, d’un portrait de Sigmund Freud et d’une volonté de fer, Selma se heurte très rapidement au choc des cultures : lourdeurs administratives, méfiance de ses patients et sujets tabous. Pourtant, les habitants franchissent peu à peu sa porte, et viennent confier leurs secrets considérés inavouables.
Un divan à Tunis aborde avec justesse la question de la prise de parole, dans une Tunisie en pleine reconstruction sociale après la révolution de 2011. La réalisatrice tunisienne propose un film plein d’espoir au cours duquel les habitants apprennent peu à peu, souvent avec maladresse, mais aussi avec curiosité, à se défaire de leurs habitudes de silence. Un divan à Tunis est aussi un film sur l’identité et l’ancrage : face à une famille bien installée en France qui lui conseille d’abdiquer et de revenir, Selma refuse de céder. Sa persévérance traduit une volonté de renouer avec ses racines et de pouvoir enfin s’identifier à ses pairs, même au prix d’un parcours semé d’embuches.
Manele Labidi choisit résolument l’humour comme langage universel. Un outil pour relier plutôt que diviser et pour aborder des sujets graves avec légèreté. À travers le personnage de Selma, la réalisatrice propose une analyse fine et nuancée de sa propre culture, entre respect des traditions et désir de modernité.