le Lundi 13 octobre 2025
le Dimanche 5 octobre 2025 8:07 Culture

L’essor de la musique classique au modernisme 41

Le contrepoint, colonne vertébrale de la musique chorale de la Renaissance, est magistralement illustré par Palestrina et son Agnus Dei. Mais les racines des gammes et des harmonies remontent à bien avant, jusqu’aux instruments façonnés par les premières civilisations musicales.

L’essor de la musique classique au modernisme 41
00:00 00:00

L’efficacité du contrepoint, dans la construction de structures sonores complexes interprétées par des chœurs à plusieurs voix, est démontrée par les œuvres de Giovanni Pierluigi da Palestrina. L’Agnus Dei de sa Missa Papae Marcelli, composée en 1557, est la plus renommée. Ces structures sonores résonnaient dans les basiliques de Rome en parfaite consonance. Elles illustrent l’application du contrepoint à la musique chorale, véritable colonne vertébrale de ce système, en interaction avec les principes des paradigmes modal et tonal dès les débuts de la Renaissance – période où la notation musicale s’enrichit également d’une méthode complémentaire : l’harmonie tonale.

L’harmonie tonale intègre la notion d’accords dans l’écriture musicale. Un accord est constitué de trois intervalles consonants : une note fondamentale, sa tierce (située trois degrés plus haut dans l’échelle musicale) et sa quinte (située à cinq degrés). Cet ensemble consonant est joué simultanément. Lorsqu’il est exécuté en successions de notes, on parle alors d’arpèges.

À la fin de la Renaissance, le noyau central de la théorie musicale s’était solidement fondé sur la consonance. Le contrepoint était alors utilisé aussi bien dans la musique chorale que dans la musique orchestrale de la musique classique.

Cependant, l’histoire de l’organisation des gammes et de l’harmonie dans l’évolution des orchestres montre que leur usage remonte à plusieurs millénaires, bien avant la période médiévale où apparait la notation musicale écrite. Cette ancienneté est attestée par la découverte de flutes en os, fabriquées par des Homo sapiens il y a environ 30 000 ans av. J.‑C., dans le sud de l’Allemagne et le nord de l’Espagne. Ces instruments, dotés de cinq trous, impliquaient déjà l’usage de gammes pentatoniques.

La véritable complexification des instruments et de leur tessiture (ou ambitus sonore) apparait durant l’Antiquité, en Mésopotamie et en Égypte. On y retrouve des harpes à six ou sept cordes permettant de produire des notes organisées en structures consonantes dans un contexte d’harmonies. De cette tradition instrumentale nait notamment la lyre.

Les cithares, flutes, tambours et cornes devinrent progressivement les instruments fondamentaux des orchestres de cérémonies. Dans la Grèce antique, les cithares, l’aulos, les tambours et les cornes faisaient déjà partie de grandes familles d’instruments – à vent, à cordes, percussions et cuivres –, intégrant la mise en spectacle des œuvres théâtrales. La coordination entre instruments et voix implique donc l’existence de gammes et harmonies dans la musique instrumentale plusieurs millénaires avant leur formalisation dans la notation musicale écrite et leur raffinement ultérieur dans la méthode du contrepoint.