Parmi les œuvres musicales composées dans l’histoire de la musique classique grâce à une théorie musicale scientifiquement construite, les plus marquantes apparaissent à la fin de la Renaissance et au début du Baroque. Période durant laquelle la théorie scientifique de la musique se structure autour de principes physiques dérivés des paradigmes modal et tonal, organisés en harmonies et articulés selon la méthode du contrepoint. Ce système de notation musicale s’applique aux structures polyphoniques, vocales et instrumentales, des chœurs et des orchestres, afin de créer des architectures musicales parfaitement consonantes.
L’opéra est le genre de musique classique qui, depuis sa création au début du XVIᵉ siècle par Jacopo Peri et Claudio Monteverdi (à la suite des réflexions de la Camerata florentine), représente la forme la plus complexe de composition musicale. Il réunit à la fois la polyphonie vocale, exprimée à travers plusieurs voix, et la polyphonie instrumentale, répartie entre les pupitres des quatre grandes familles d’instruments. L’ensemble forme un système polyphonique consonant, dont l’intensité sonore varie progressivement, de forte à douce, afin de permettre à une ou deux voix d’interagir avec certains instruments à cordes dans les récitatifs et les arias, écrits d’après un livret composé majoritairement en vers.
L’opéra L’Orfeo, composé en 1606 par Claudio Monteverdi, figure parmi les plus grandes œuvres de l’histoire de la musique classique. Il y fait converger les acquis de la théorie musicale de la fin de la Renaissance. Monteverdi composa cette œuvre après avoir publié plusieurs volumes sur le madrigal, les techniques d’écriture et le contrepoint. Ces connaissances lui permirent de créer une consonance parfaite tout au long de la pièce. Le livret, écrit en strophes à rimes embrassées (ABBA), est un poème d’une grande rigueur formelle.
Son auteur, Alessandro Striggio, y déploie une allégorie riche en symboles, inscrite dans le contexte philosophique de l’humanisme italien, né au Trecento avec Pétrarque. Ce contexte se caractérise par un retour aux études des œuvres littéraires, philosophiques et mythologiques gréco-romaines de l’Antiquité.
Écrite en langue italienne – codifiée par Dante Alighieri, Giovanni Boccace et Francesco Pétrarque, puis reconnue en 1561 comme langue officielle de l’Italie –, cette œuvre puise son inspiration dans la mythologie orphique. Le poème s’appuie sur les récits de Virgile et Ovide, qui racontent le mythe d’Orphée et Eurydice.
