le Lundi 24 novembre 2025
le Dimanche 23 novembre 2025 15:50 Culture

Chronique boréale : Frantz, une œuvre bouleversante signée François Ozon

Présenté à la Mostra de Venise en 2016, Frantz a conquis le public. — Mandarin Production
Présenté à la Mostra de Venise en 2016, Frantz a conquis le public.
Mandarin Production

Je vous invite à découvrir Frantz, disponible gratuitement sur la plateforme Tubi. François Ozon signe ici un film d’une grande délicatesse, où le noir et blanc se mêle à quelques touches de couleur pour raconter le deuil, la tendresse et la reconstruction.

Chronique boréale : Frantz, une œuvre bouleversante signée François Ozon
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Avertissement : le film comporte de nombreuses scènes en allemand, sous-titrées en anglais.

Affiche du film Frantz

Mandarin Production

Avec Frantz, François Ozon signe sans doute l’une de ses plus belles réalisations, un film d’une délicatesse rare dont le noir et blanc, choisi comme esthétique, amène un aspect poétique et mélancolique à chaque scène. Porté par la présence lumineuse de la révélation Paula Beer et de Pierre Niney, le film revisite avec grâce la pièce de théâtre L’Homme que j’ai tué de Maurice Rostand. Présenté à la Mostra de Venise en 2016, Frantz a conquis le public et a valu à Paula Beer le prix Marcello-Mastroianni de la meilleure jeune interprète. Le film a également été salué par de nombreuses autres distinctions, dont le César de la meilleure photographie pour son travail visuel en noir et blanc, offrant une image d’une beauté douce et saisissante.

Dans une Allemagne meurtrie après la Grand-Guerre, Anna, une jeune femme en deuil, vient se recueillir chaque jour sur la tombe de Frantz, son fiancé tombé au front. Un jour, elle fait la connaissance troublante d’Adrien, un soldat français ayant survécu à l’horreur des tranchées, venant lui aussi se recueillir sur la tombe du défunt. Leur rencontre bouleverse l’équilibre fragile de la famille endeuillée : Adrien dit avoir été l’ami de Frantz avant la guerre, et son récit ouvre une brèche de bonheur inattendue dans la douleur d’Anna et de ses beaux-parents. Peu à peu, un lien singulier nait entre la jeune femme allemande et le soldat français, fait de confidences, de douceur, de non-dits, et rapidement, d’amour. 

La force de Frantz réside d’abord dans le choix artistique du noir et blanc, que François Ozon ponctue de quelques instants en couleurs. Ces éclats visuels viennent souligner les moments de joie, de tendresse et de bonheur qui émergent dans cette famille qui évolue dans une époque profondément marquée par les traumatismes de la Grande Guerre. Ils donnent au film une dimension sensible, où la moindre émotion réchauffe brièvement la froideur du deuil. 

Soulignons également à la prestation remarquable de Paula Beer, d’une finesse exceptionnelle. Elle incarne une jeune femme meurtrie, habitée par une douceur profonde et une ouverture d’esprit étonnamment avancée pour son époque. À travers ce personnage et la relation complexe tissée avec Adrien, le film met en lumière un thème essentiel : malgré tout ce qui oppose les personnages, des ennemis peuvent devenir des alliés sur le chemin de la reconstruction psychologique.