le Lundi 15 Décembre 2025
le Dimanche 14 Décembre 2025 8:24 Culture

L’essor de la musique classique au modernisme 51

Avec les six Concertos brandebourgeois, Bach élève l’art du dialogue instrumental à son sommet. Ces œuvres virtuoses scellent l’âge d’or du contrepoint avant l’avènement de la symphonie.

L’essor de la musique classique au modernisme 51
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Parmi les compositions de Jean‑Sébastien Bach pour orchestre, l’un des ensembles les plus marquants est connu sous le nom de six Concertos brandebourgeois. Il s’agit de six concertos que Bach réunit et dédie en 1721 à Christian Ludwig, margrave de Brandebourg et prince du Saint‑Empire romain germanique, à la demande de ce dernier, qui souhaitait recevoir un choix représentatif de ses œuvres pour les faire jouer par son orchestre de chambre. Bach rassemble alors six de ses concertos sous le titre « six concertos pour plusieurs instruments » et les lui envoie, avant de reprendre cette sélection et d’en proposer des arrangements pour le Collegium Musicum de Leipzig, un cercle de musiciens amateurs et professionnels se réunissant pour jouer, improviser, analyser leurs compositions et débattre des principes de la théorie musicale.

Dans la musique classique, le terme concerto désigne un genre où un orchestre de chambre, composé de plusieurs instruments, interprète une œuvre dont les lignes mélodiques dialoguent généralement en trois mouvements contrastés (souvent presto, adagio et allegro). Dans les six Concertos brandebourgeois, ces lignes sont élaborées selon les règles du contrepoint strict, en mêlant les timbres des cors, hautbois, bassons, trompettes, flutes à bec, violons, violoncelles et clavecin. Les voix instrumentales s’unissent parfois pour soutenir une phrase mélodique confiée à un soliste, puis retrouvent rapidement leur indépendance pour tisser une texture polyphonique particulièrement riche.

Jean‑Sébastien Bach est souvent considéré comme la figure majeure de la formalisation du contrepoint strict en théorie musicale, au même titre que Pythagore pour la géométrie ou Newton pour la mécanique classique en physique.

À l’époque classique, qui précède le romantisme, l’orchestre de chambre se développe et se densifie jusqu’à donner naissance à l’orchestre symphonique. Après Bach, la consolidation du paradigme contrapontique fournit aux compositeurs une base solide pour la création de symphonies.

Si le mot « symphonie » est utilisé dès le Moyen Âge, le plus souvent dans un sens poétique pour désigner des œuvres agréables à l’oreille, il prend vraiment son sens de genre musical spécifique de la musique classique avec Joseph Haydn. Ce dernier compose une première symphonie en 1759, structurée en trois mouvements (presto, andante, presto), puis fixe progressivement le modèle en quatre mouvements, comme dans sa Symphonie no 104 (1795), organisée en allegro, andante, menuet ou mouvement vif, puis allegro final.