Ce n’est pas toujours évident d’écrire. Vous vous souvenez, à la petite école, les premières compositions? Pas toujours inspirants les sujets et surtout, pas facile d’écrire une histoire qui se tienne. Mais on n’avait pas le choix et on le faisait. Vint ensuite le temps des dissertations. Ah! les dissertations sur de savants sujets, encore une fois pas vraiment inspirants, pour ne pas dire barbants du genre « Décrivez le romantisme dans la poésie de Ronsard en 5 pages, expliquez ce que vous inspire la strophe suivante tirée de ses écrits : « Et rose, elle a vécu ce que vivent les roses, l’espace d’un instant. » Oui, c’est bien profond, cette phrase, mais de là à écrire cinq pages là-dessus…
Bref, la hantise de la page blanche nous assaille dès le jeune âge. C’est bien beau de parler des feuilles multicolores de l’automne, mais quand, à chaque année, il faut faire une composition sur l’automne et que tous les élèves reprennent les même mots, ça doit devenir ennuyant pour l’enseignant de corriger ça. Enfin. Tout ça pour dire que c’est pas toujours aussi facile que ça en a l’air d’écrire. Par contre, c’est en écrivant qu’on apprend à écrire, tout comme c’est en forgeant qu’on devient forgeron. Mais cette semaine, à mon grand dam, j’aimerais mieux être forgeron, je crois, je ne suis pas certaine. En bref et gros, je n’ai pas d’inspiration. Je me suis donc dit que j’allais écrire sur la difficulté d’écrire. Pourquoi pas? Tu t’assois devant ton ordinateur, tu penses, tu tapes quelques mots, et rien ne va ou devrais-je dire rien ne va plus. Tu jongles, tu retournes tes idées, tu tournes en rond dans la maison à la recherche d’un objet quelconque qui pourrait t’inspirer. Rien à faire. La page reste blanche, ta tête reste vide et tu te demandes ce que tu fais là. Pourtant, t’aimes ça écrire. Mais imaginez-vous un instant que toutes les semaines, vous avez à faire une composition et pas question d’utiliser le mot multicolore. Dur! En plus, pas de professeur pour te donner un sujet. Quand tu as un sujet imposé, t’as pas le choix. Quand t’en n’as pas, tu as la terre entière qui s’offre à toi. Devrais-tu parler de la différence entre les moines boudhistes zen et les zazen ou du dernier char que vient de sortir Chrysler? Hum! c’est une idée. Cette semaine, j’aurais eu besoin de mon professeur qui me dise : « Geneviève, cette semaine, tu écriras sur le voyage de notre premier ministre au Moyen-Orient et tu expliqueras pourquoi ses détracteurs demandent sa démission. » Ou encore : le sujet de cette semaine sera « Expliquer pourquoi les gens atteignent leur degré d’incompétence en acceptant des emplois qui dépassent leur capacité, en vous inspirant de l’échelle de Peters. » Ou quelque chose du genre : « Dans la question Nord-Sud, tient-on compte du Grand Nord quand on affirme que toute la richesse est dans le Nord et que toute la pauvreté est dans le Sud? » Ou : « Selon vous, vaut-il mieux être un mauvais premier ministre qu’un bon plombier? » J’en avais des sujets, et bien plus que ça, mais j’imagine que ce sera pour la prochaine fois. Pour cette fois-ci, il faudrait que je me contente de : « Vaut-il mieux dire n’importe quoi plutôt que de se fermer la g…? » Ne m’en veuillez pas, l’inspiration me reviendra avec le soleil.