Attelés à la tâche l’hiver durant, ils peuvent maintenant se prélasser à l’ombre. Les chiens qui tirent votre traîneau en bois par un temps glacial n’aiment pas la chaleur. Quand la saison estivale se pointe, les bêtes se glissent dans leur niche ou sous les arbres, à la recherche d’un coin ombragé. Ils sont en chômage pour 4 mois, de mai à août !
En été !
Les chiens passent tout l’été sur le terrain de Frank Kelly, certains dans leur enclos et d’autres dans leurs petites cabanes réparties ici et là près de la maison. « Auparavant les trappeurs allaient porter leurs chiens sur une île pour l’été, pour les protéger notamment des loups qui sont de dangereux prédateurs. D’ailleurs, près des maisons flottantes dans la baie de Yellow-knife, une île porte le nom de l’Île aux chiens », raconte M. Kelly. Ce dernier est le propriétaire de l’entreprise Kennels, qui organise des ballades en traîneau à chiens lors de la saison hivernale qui débute vers la mi-novembre et se termine à la mi-avril.
Les longs hivers ne semblent pas les affecter, mais ils consomment le double de nourriture durant cette période. Les chiens sont attachés, été comme hiver. « C’est impossible de promener mes 80 chiens tous les jours », explique M. Kelly. Cependant, chaque chien porte un nom. Orange, Santa Barbara, Attrape-le et les autres ont tous une chose en commun : Frank Kelly.
Le maître des chiens n’est pas seulement un entraîneur, il est aussi docteur, maman et cuisinier. Frank est le vétérinaire de sa grande famille, celui qui veille à leur injecter tous les vaccins nécessaires. Il ne faut pas avoir peur des seringues, puisque les chiots doivent recevoir un traitement anti-vermifuge toutes les deux semaines, en plus d’une série de vaccins. Plusieurs chiots naissent avec des vers. Ce problème récurrent peut être causé par la nourriture. En plus de subvenir aux besoins essentiels des petits canins, Frank Kelly doit aussi remplacer maman chienne et leur donner de l’affection.
Lorsque vient le temps de flatter ces petites bêtes, il est aidé par tous les membres de sa famille, surtout les plus jeunes, qui se font un plaisir d’enfouir leurs petits doigts dans le pelage court et dru des chiens. La séance de câlins n’est pas seulement un petit plaisir, elle s’avère essentielle pour la santé mentale des chiens. « Les chiots doivent être caressés et touchés. Ils doivent s’habituer à la présence humaine autour d’eux, sinon ils deviennent très nerveux et risquent de mordre. Un chien nerveux n’est pas un bon chien, car il a de la difficulté à écouter son maître », affirme M. Kelly. Les chiens qui participent à des courses ont une espérance de vie d’environ dix ans.
À l’entraînement !
« Les chiens qui sont inscrits dans diverses compétitions doivent avoir du plaisir en accomplissant leur randonnée ou lors de courses. C’est la même chose dans notre vie! Un chien devient amer et stressé lorsqu’on lui impose une cadence effrénée. Il ressent alors une trop grosse pression, et devient plus entêté, et donc, moins obéissant », révèle le maître des chiens. « Chaque séance d’entraînement dure trois jours, après quoi les chiens méritent une journée de repos. Et après une certaine période, les chiens ont droit à plusieurs jours de repos », poursuit ce dernier. La préparation des chiens pour chaque saison hivernale débute au mois de septembre. À l’automne, les chiens doivent tirer non pas le traditionnel traîneau à chiens, mais plutôt un véhicule tout-terrain. Frank Kelly prépare son attelage, met en marche son véhicule à quatre roues et donne le signal de départ aux chiens qui se mettent à courir. Les cordes de l’attelage doivent constamment demeurer tendues. Si le véhicule tout-terrain accélère, les chiens comprennent le signal leur indiquant d’augmenter la cadence afin de sentir la tension s’installer sur la corde à nouveau. « Je ne dépasse jamais 15 miles à l’heure », souligne cependant Frank Kelly. Au bout de 8 miles, les chiens sont tout essoufflés par le trajet et par la température extérieure. « Les chiens ne supportent ni la chaleur, ni le soleil », ajoute ce dernier. Le c¦ur d’un chien bat 150 pulsations par minute au repos, mais le rythme augmente à 300 pulsations lorsqu’il est sur le point de prendre le départ d’une course. Le pouls moyen d’un être humain varie entre 50 et 70 pulsations par minute.
Frank Kelly achète et élève des chiots qui promènent les touristes pendant l’hiver. Lorsqu’ils ont atteint un an [ou deux selon la bête] les bébés sont maintenant prêts à s’atteler à la tâche. Ils devront toutefois avoir préalablement suivi un entraînement. Ce dernier consiste à effectuer des randonnées en traîneau dont la distance varie entre 10 et 20 miles [16 et 32 kilomètres]. Les chiens sillonneront les lacs de la région et feront notamment découvrir aux touristes japonais la beauté des aurores boréales. Contrairement à l’imagerie populaire qui véhicule l’image de chiens imposants, un animal adulte tirant un traîneau pèse en moyenne 55 livres et mesure environ 70 centimètres. Cela semble peu, mais, bien qu’ayant l’air chétif, une bête de cette grosseur est très robuste, selon Frank Kelly. Électricien à temps plein jusqu’en 1990, M. Kelly partage actuellement son énergie entre son métier et sa passion pour la race canine. Une passion qu’il partage tout l’hiver avec de nombreux visiteurs venus d’un peu partout. Qui sait ce sera peut-être à votre tour de tomber en amour avec ce passe-temps !