Yellowknife, comme toute petite ville qui se respecte laisse place à bien de petites histoires, vraies ou fausses, dont on se passerait volontiers. Je parle ici de tendances bien humaines, mais combien nocives, des placotages, à tort et à travers, des uns envers les autres, pour ne pas dire des unes envers les autres, ou encore des uns envers les unes et vice-versa.
Venant d’une petite ville, ce n’était pas ma première expérience du phénomène caustique. Par contre, ayant vécu à Montréal pendant des années, c’est agréable de voir que la chose n’est pratiquement pas présente, même si elle n’est pas vraiment morte.
En effet, dans une grande ville, c’est plutôt par réseaux limités que la chose se perpétue, comme, par exemple, dans un cercle d’amis précis, un bar ou restaurant à habitués ou dans un milieu de travail restreint. Mais elle ne vient pas des voisins que vous ne connaissez pas et qui ne vous connaissent pas et c’est très bien ainsi. Donc, les potinages de grande ville sont restreints et plutôt inoffensifs.
Par contre dans une ville comme Yellowknife (ou Alma, ma ville natale, ou autre ville du même acabit), la propension à dire quelque chose des autres est très répandue, pour ne pas dire endémique. Tout est matière à parler des autres (dans leur dos, ça va de soi) : une nouvelle voiture, une chicane avec un amoureux, un verre de trop dans un bar, un vêtement un peu trop voyant ou une jupe un peu trop courte, la couleur des cheveux, les quelques livres en trop ou en moins, et j’en passe. Imaginez quand les choses deviennent sérieuses le moindrement, comme, par exemple une personne qui trompe son conjoint, le petit dernier qui a été arrêté pour vol à l’étalage, le plus vieux qui prend un coup solide, et que sais-je? Ma foi, on dirait que les gens sont tellement incapables de remplir leur propre vie, qu’ils doivent aller puiser dans celle des autres pour se donner un semblant d’importance! Non mais, trop c’est trop! Voulez-vous des petits trucs pour penser à vos propres affaires plutôt qu’à celles des autres. À vous de les trouver. Je n’en suis pas rendue à donner de petits trucs pour détacher les tapis (à propos, si vous en avez un, donnez-le moi), trouver l’âme s¦ur, régler les problèmes sentimentaux et rendre la vie intéressante sans mordre les autres à pleines dents! Mais vous pourriez peut-être vous acheter un canot? Ou vous faire un jardin. Je sais, l’hiver est long… mais il faut en profiter pour nettoyer sa propre maison et laisser les autres nettoyer la leur eux-mêmes.
Bien sûr, ça m’est arrivé de me laisser entraîner dans la galère, de me délecter de propos douteux, de me faire attaquer de plein fouet! Quand je suis arrivée ici, ça m’a frappée. Moi, la fille de grande ville depuis des années, je n’étais plus du tout habituée à tous ces racontars, méchancetés, à toutes ces langues de vipère qui hantent les petites villes. J’avais oublié! Bien sûr, avec les ans, on réussit à se blinder et ça me touche moins, mais quand même… le mal est pernicieux et le vitriol… dommageable.
Pourquoi ne pas se servir de son imagination et de ses talents à des fins plus créatives et non destructives? Pourquoi ne pas fermer ses oreilles à de tels propos discordants? Pourquoi ne pas mettre du temps à profiter de sa propre vie? Elle passe beaucoup trop vite pour la vivre par intérim. Tout ce temps perdu à parler des autres ne profiterait-il pas mieux à parler de vous, de ceux que vous aimez plutôt que des autres et de ceux que vous n’aimez pas?
Bon assez parlé, je dois aller réfléchir à tout ça et plus encore. Ciao!