Le monde est petit, c’est bien connu. Mais les coïncidences et les hasards vont souvent au-delà de l’imagination la plus fertile. Ainsi, pour ma part, il m’est souvent arrivé de rencontrer au bout du monde des gens que je n’aurais jamais cru rencontrer.
Ainsi, une année, à Paris, alors que je me baladais avec une amie en discutant du plaisir de ne connaître personne dans cette grande ville, je m’arrête aux feux de circulation. Je regarde dans la voiture machinalement, sans penser. Qui je vois? Une petite cousine, venant de la même ville que moi. Ça alors. On a bien rigolé.
Quelques années plus tard, en Équateur, je prenais un café sur une terrasse de Quito et qui je vois passer de l’autre côté de la rue? Deux filles de chez nous. J’ai tout laissé là et j’ai traversé la rue principale de Quito sans pratiquement regarder. J’aurais pu me faire tout faucher, car dans mon énervement, j’avais tout laissé là. Quelle semaine on a passée!
Il y a deux ans, je suis allée à New York pour rencontrer un ami qui travaille pour le Cirque du Soleil. Bien sûr, j’ai rencontré bien des gens du Cirque avec qui j’ai placoté. J’ai rencontré une fille qui me disait que son frère demeurait à Fort Simpson. Pas besoin de vous dire que j’ai failli tomber sous la table : mon propre frangin habite Fort Simpson qui est une petite communauté du Nord. Bizarre!
Je ne raconte que mes histoires, mais je suis certaine que vous avez les vôtres. Je suis certaine qu’on pourrait faire un livre sur ces rencontres impromptues et surprenantes.
J’avais déjà lu, quelque part, qu’au Québec, une grande majorité connaissaient le premier ministre de la province en ne remontant pas plus loin que 3 personnes. Ainsi, quelqu’un connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un qui connaît le premier ministre. C’est clair. Pour ma part, c’était deux personnes à l’époque. Corrine Côté-Lévesque, mariée à Renée Lévesque, venait de ma ville natale et venait à la même école que moi. Donc, je sautais à deux. J’imagine que dans les pays plus populeux, il faille compter plus que trois personnes pour connaître…le président des États-Unis ou le président de la France. Ainsi, ici aux Territoires du Nord-Ouest, le premier ministre prend un café au même restaurant que vous le matin. Nombreux sont ceux qui sont apparentés aux députés, aux ministres. C’est quasiment une affaire de famille. La population n’est pas très grande. Tout le monde connaît tout le monde. Ici, pas d’intermédiaire pour connaître les personnes au pouvoir. C’est quand même intéressant. Les petits Jos connaissants sont mieux de faire attention ici. On en a vu qui voulaient refaire le monde, ici. On a en vu qui avaient des plans bizarres pour remettre les Territoires du Nord-Ouest sur la bonne piste! On en a vu qui se vantaient à qui mieux mieux. Cause toujours mon lapin. On est peut-être situés loin dans le Nord, mais on est pas niaiseux. Bref, le monde est petit, surtout dans le Nord. Les grandes étendues sauvages se rétrécissent étrangement quand il s’agit de connaissances. Pourtant, ceux qui veulent réinventer la roue n’ont qu’à bien se tenir : les gens vous feront de grands sourires, en opinant du chef, en vous encourageant, mine de rien et dans leur fort intérieur, ils se diront : cause toujours mon lapin! T’es pas le premier du genre qu’on voit. Comme plusieurs d’entre vous l’auront sans doute remarqué, mon esprit est en train de s’étioler. J’ai besoin de vacances. Je prends une semaine. Quand vous lirez ceci, je serai de retour d’un périple sur le Mackenzie, entre Fort Simpson et Fort Norman. J’aurais alors le cerveau aéré et bien des histoires d’ours et de loups à vous raconter. D’ici là, profitez bien de l’été. On a la plus belle température au Canada! On ne va pas s’en plaindre.