Ce qui m’a prise, cette journée-là, d’accepter tout bonnement d’aller me balader en moto. Ne me le demandez pas. Ou enfin, je vous répondrai que c’est l’envie d’aller voir autre chose, d’aller manger des croissants, des vrais, à un resto situé assez loin, l’envie d’aller voir une grande fabrique de batik. Tout ça m’a poussée à accepter de bonne grâce d’aller me balader en moto avec une Hollandaise, mariée à un Français et qui parle français comme vous et moi, enfin, accent mis à part (je parle du mien, pas du sien).
Donc, après avoir emprunté un casque de moto, nous voici parties pour la grande aventure qui commence par les croissants. Pour se balader en moto ici, il ne faut pas avoir froid aux yeux. Les voitures et les motos vous dépassent de tous bords et tous côtés et vous frôlent à un point tel que parfois, mieux vaut se fermer les yeux. Donc, croissants impeccables, cappuccino digne d’une terrasse italienne et hop, nous voilà reparties pour Denpasar, capitale de Bali, là où se trouvent de grandes manufactures de tissus et de grandes fabriques de batik. Le procédé du batik est un procédé pour colorer le tissu qui a été inventé ici, en Indonésie. Je vous passe les détails que vous pourrez trouver facilement, mais qu’il suffise de dire que le procédé de teinture avec la cire chaude est difficile à supporter quand il fait 30 degrés dehors. On fait le tour de l’usine. Des pièces de collection sont en train d’être fabriquées. Se promener dans les rues de Denpasar est un véritable exploit. Un labyrinthe de sens uniques et de petites rues sinueuses me désorientent complètement, mais bon, je ne suis pas le pilote et même pas co-pilote.
Donc, virages, re-virages, virées et re-virées, et nous voilà sur la route de retour vers Kuta, dans un trafic tellement tassé, tellement incohérent et tellement chaotique que je laisse à votre imagination le travail de s’imaginer ce que ça peut donner. Le soir, on décide d’aller manger en dehors de Kuta dans un resto grec situé à quinze minutes en moto d’où nous sommes. Je dois donc aller encore une fois à la chasse au casque de sécurité, et nous partons quatre personnes sur deux motos. Nous n’allons pas très loin, car une grande fête religieuse a lieu aujourd’hui, à Bali (je ne peux pas vous dire laquelle, car il y en a des dizaines et des dizaines). Résultat : toutes les routes sont bloquées. Quand on réussit à faire quelques mètres sur une rue, c’est pour être détourné un peu plus loin : bref, tellement de détours, qu’on se retrouve une fois de plus aujourd’hui à Denpasar. Donc, après avoir fait au moins 20 kilomètres de plus et des dizaines de détours, on arrive au restaurant affamés. On prend bien notre temps, on relaxe, en espérant, bien sûr, que la célébration religieuse soit terminée. Eh bien! Détrompez-vous! Pas terminée du tout, la célébration. Détours après détours, nous arrivons finalement à destination. Après toutes ces pérégrinations en moto, j’ai deux parties de mon anatomie qui ne tiennent plus la route. La première, ce sont les fesses. Surpris? Allons donc! L’autre partie, je vous le donne en mille? Eh bien, ce sont les bras. Je me suis tenue tellement fort après ces sacrées poignées, que j’ai pris du muscle et une sacrée douleur dans les bras.
Cette nuit-là, mes rêves ont été peuplés de fantômes de motos, d’autobus, de voitures tonitruantes, de sifflets de policiers nous faisant faire des détours sans fin vers une destination que nous ne pourrions jamais atteindre.
Quel plaisir, au réveil de partir prendre le petit déjeuner tout bonnement, comme ça, à pied, tout simplement. Le plaisir de marcher n’a d’égal que celui de se prélasser dans la piscine après être allé à la banque. Mais ça c’est une autre histoire que je vous raconterai peut-être un jour, si ça adonne et surtout si je m’en souviens!