Je crois que l’argent est tabou pour les classes moyennes qui font trop d’argent pour en parler avec la classe moins favorisée et pas assez pour en parler à la classe plus riche.
Il s’agit là d’un sujet plutôt controversé. Ainsi, les gens font souvent mystère de leur salaire. Les Européens, en particulier, font toute une histoire de parler argent, surtout quand il s’agit de parler de ce qui entre dans leurs goussets. Eh! il faut faire attention. Les gens pourraient vous envier, désirer avoir votre bien, votre char voire même votre trailer! J’ai souvent entendu, et j’imagine que la petite phrase ne vous est pas étrangère : « L’argent, c’est un problème si tu en as trop et si tu n’en as pas assez. » La belle affaire! Qui parle ainsi? Souvent les gens au bas de l’échelle. J’ai rarement entendu un millionnaire dire qu’il avait trop d’argent. Par contre, pour les gens qui n’en ont pas, il peut paraître difficile de gérer un bien qu’ils n’ont jamais possédé.
Mais l’objet de mes propos est plutôt la relation qu’ont certaines personnes avec l’argent, je parle de personnes qui en ont.
J’imagine que vous avez tous connu des personnes tellement obnubilées par l’argent que cela devient leur unique préoccupation dans la vie : ce qu’ils en font, comment la placer, l’économiser (le moins de dépenses possible); comment obtenir le plus de retour d’impôts, de dividendes de placements, d’intérêts sur le capital, etc. Il va de soi que tout le monde aime bien faire de bons placements. Mais pour faire de bons placements, encore faut-il de l’argent!
Oui, j’ai connu des personnes complètement abasourdies par le fric. Elles ne pensent qu’à ça. Difficile de trouver quelque chose d’intéressant, dans ces personnes, car leur seul intérêt se résumant à l’argent, elles ne pensent pas assez de temps à penser à autres choses. Leur conversation se limite donc à des sujets axés sur cet unique sujet (ou peu s’en faut). Ces gentes personnes ont décidé que l’argent serait le centre de leur vie, car n’oubliez pas qu’elles comptent bien emporter tout ça avec elles au paradis…ou en enfer…ou, de façon plus réaliste…en terre. Elles croient sincèrement que leur petit tas sera enterré près d’elles en terre. Quel bon repos elles vont alors prendre! Quel plaisir ce sera alors pour elles de dormir enfin avec l’objet de leur passion.
On a quelquefois ouï-dire que des gens dormiraient déjà sur leur tas d’or. Combien de fois n’a-t-on entendu que de jeunes héritiers auraient découvert de l’argent dissimulé dans un matelas qui allait prendre la direction des vidanges! Cela se fait moins qu’à une certaine époque, mais ça se fait encore. Mais le rapport de ces personnes avec l’argent n’est pas aussi pingre que d’autres. Les vrais pingres ne coucheraient jamais avec leur argent. Elles perdraient bien trop en intérêts! Oubliez ça!
Faut dire qu’on vit dans un monde qui privilégie le pouvoir provenant de l’argent. Les grandes valeurs, autrefois prônées ont pris le bord pour l’argent, le pouvoir et ce que ça peut offrir. En tant que Québécois, on a eu l’exemple type du grippe-sous parfait : Séraphin. Notre enfance a été bercée par ce téléroman et par les sentiments extrêmes qu’il a pu susciter. L’expression est demeurée. Être séraphin, ce n’est pas être un ange. En effet, si on parle d’un séraphin, au Québec, la première image qui vient est celle d’une personne avare qui ne pense qu’à son butin et qui fait souffrir les gens qui l’entourent à cause de ce défaut terrible. Oui, c’est un défaut grave. Et les pauvres qui pensent traîner en terre tout cet argent accumulé au point de passer une vie de privation et de calculs à faire des économies de bouts de chandelle. Chacun vit sa vie comme il l’entend. Soit! Mais n’avoir qu’argent en tête fait peut-être en sorte que certains passent carrément à côté de leur vie, tout ça pour l’argent. En faire un Dieu, c’est dangereux. Sans doute est-ce là un Dieu qui ne demande qu’à trahir ses plus grands adeptes!
Le rapport avec l’argent est personnel, mais il n’en demeure pas moins qu’il mérite d’être réfléchi, pensé et sous-pesé. Le temps passé à se préoccuper de f ric serait peut-être mieux utilisé à autres fins. À chacun de décider s’il veut devenir un Scrooge (gros pingre ou Séraphin) ou pas! Je vous laisse avec votre propre rapport avec l’argent. Je dépense allégrement le mien selon mes fantaisies. Après tout, c’est mon argent. Pour ce qui est de la façon dont se dépense l’argent public, il y a moultes discussions que nous pourrions avoir là-dessus; mais là n’est pas le sujet de la chronique d’aujourd’hui. Une autre fois…qui sait? Il faut maintenant que j’aille … à l’épicerie. Dépensez bien!
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