le Mardi 22 avril 2025
le Vendredi 30 mars 2001 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Divers

Le meunier, son fils et l’âne

Le meunier, son fils et l’âne
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Il y a moultes années, j’avais écrit une lettre du lecteur à ce sujet. En effet, dépitée et excédée d’entendre plein de gens se plaindre des activités de l’AFCY, j’avais pris sur moi de raconter cette fable pour…mais je raconte la fable et je reviens aux raisons qui m’avaient motivée.

Le meunier, son fils et l’âne est une fable du sieur Jean de la Fontaine. Cette fable n’est pas aussi connue que le renard et le corbeau ou que la cigale et la fourmi, mais gagnerait de l’être. Comment ça marche, déjà? Je ne recopie pas la Fontaine, mais je vais vous raconter.

Il s’agit d’un vieux meunier qui s’en va au marché avec son fils. Il achète un âne et revient chez lui, heureux de son achat. Ils marchent donc, le meunier avec son fils et l’âne qui les suit. En cours de route, ils rencontrent des gens qui se mettent à se moquer d’eux : Qu’est-ce que c’est que ces gens qui ont un âne et qui ne savent pas s’en servir. Ce vieil lhomme devrait aider son jeune enfant et le mettre sur l’âne. Le meunier décide donc de mettre l’enfant sur l’âne. Un peu plus loin, d’autres personnes se moquent encore d’eux : comment ça que ce jeune laisse son vieux père marcher alors que lui se prélasse sur l’âne. Nouveau changement. Le vieux monte sur l’âne, alors que le jeune marche près d’eux. Un peu plus loin, même scénario : comment ça que le vieux fait marcher son jeune enfant. Les deux montent sur l’âne. Ça continue, jusqu’à ce que d’autres personnes rencontrées au cours du voyage s’indignent en voyant le pauvre âne sur lequel trônent le père et le fils. Ils s’indigent à un point tel que le meunier et son fils descendent de l’âne et que le père, dépité, prend l’âne et poursuit son chemin en portant la lourde bête sur ses épaules, l’air ridicule et piteux.

Voilà, en gros, la fable du meunier, de son fils et de l’âne. Morale dans tout ça? C’est qu’il est bien difficile de contenter tout le monde, surtout si vous vous adonnez à des rôles publics, genre conseil d’administration, ou autre chose du genre. Peu importe ce que vous faites, il s’en trouvera toujours pour vous jeter la pierre ou pour critiquer un geste posée ou une décision prise. La fable est toujours aussi vraie qu’à l’époque où j’avais écrit là-dessus. Il demeure toujours aussi vrai que vous ne contenterez jamais tout le monde, quelque éclairée que soit la décision que vous aurez prise. Vous aurez toujours des détracteurs ou des empêcheurs de tourner en rond qui se feront un plaisir de vous faire savoir, par moyens détournés ou directs, que vous n’avez pas agi à leur guise. À l’époque, le but de mon propos était le suivant : si vous trouvez si facile de critiquer, face aux actions de vos élus (ne l’oubliez pas), pourquoi ne pas vous présenter vous-même pour siéger sur un conseil ou sur un autre. Autre chose assez aberrante : la plupart des détracteurs sont souvent des personnes ne s’étant même pas acquittées de leur droit le plus simple et le plus primordial, le droit de vote des élus de leurs organismes. Pour ceux qui chercheraient ce qui a pu se passer pour que j’écrive un tel article, rien, justement. La chose demeure toujours actuelle. Le phénomène se manifeste toujours avec plus ou moins d’évidence.

La fable est également d’une vérité désarmante dans la vie de tous les jours. Quoi que vous fassiez, il s’en trouvera toujours pour vous faire porter l’âne sur votre dos. Point n’est besoin de faire comme le pauvre meunier, un peu pâte molle à mon goût. Vous pouvez envoyer paître les gens, mais il y a des limites qui ne se dépassent pas. Sinon, gare à vous! Un peu de jugeotte.

Enfin et surtout, la fable s’applique tellement bien au monde politique, qu’en dites-vous? Avant une période d’élections en particulier, les brigueurs de postes n’hésiteront pas à monter sur l’âne, à en descendre, à le porter, à le faire porter par leur fils, etc. Le spectacle est donné pour la galerie, laquelle fait ses gorges chaudes de tant de pitreries. Oui, il s’agit là d’une fable bien actuelle et bien applicable à nos vies. Voilà bien qui prouve que Jean de la Fontaine est bien vivant. Mais qu’est-ce que je vois dehors? Je rêve! Un âne!

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