le Lundi 21 avril 2025
le Vendredi 8 juin 2001 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Divers

Vivre à l’heure inuit ! Elale (i-la-li) à Sanirajak / Bienvenue à Hall Beach

Vivre à l’heure inuit ! Elale (i-la-li) à Sanirajak / Bienvenue à Hall Beach
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À droite de la rue principale, le bleu de la mer tranche avec la blancheur des glaces. Deux kilomètres et demi à l’est de Sanirajak, la mer vous accueille. Sauvage, elle s’empare de morceaux de glaces qu’elle arrache et transporte vers le nord. Au loin, quelques morses se prélassent sur des îlots flottants. Les yeux du visiteur se plissent, aveuglés par la luminosité.

À gauche de la rue principale, la toundra et le petit cimetière avec ses quelques croix, seul signe de vie émergeant d’un univers enneigé plus de neuf mois par année. Sous l’effet des chauds rayons du soleil, tout fond doucement et les jeunes pédalent dans la neige et la boue, en essayant (!) d’éviter les trous d’eau, qui peuvent atteindre plusieurs mètres de longueur !

La vie semble paisible, mais la prudence est de mise. La semaine dernière, un nanook est venu rendre visite aux habitants de Sanirajak. L’animal mythique du grand nord canadien, l’ours polaire, est intéressé par l’odeur des phoques, chassés en permanence. D’ailleurs, ceux qui ne sont pas à la danse du vendredi soir se préparent à patienter sur le bord des glaces, à l’affût de phoques.

Sous le soleil de minuit, quelques enfants courent pendant que leurs parents préparent les kamuttit (kra-mou-tik), ces grands traîneaux en bois qui servent à mettre les armes, les vivres et quelques peaux et qui zigzaguent à l’arrière des motoneiges. Une fois les préparations terminées, c’est le départ vers la mer. Des phoques ont été aperçus au nord-est de la communauté. Les chasseurs partent pour ne revenir qu’au petit matin.

Le lendemain, la chasse a été bonne pour quelques-uns, dont Salomon Tagornak, qui a tué au harpon un petit phoque. La peau de l’animal servira peut-être à fabriquer des pantalons en peau de phoque, populaires pour leur imperméabilité. Quant à la viande, elle est déjà digérée ! Le phoque a été dégusté sur place. Dans la communauté de Sanirajak, les habitants doivent respecter des quotas annuels de chasse, soit quatre morses par personne et six ours polaires pour l’ensemble de la communauté.

Certains jeunes accompagnent la famille lors de ces sorties traditionnelles. Pendant que certains chasseurs guettent une tête noire, fusil pointé vers la mer, d’autres discutent en inuktitut en chiquant de la gomme balloune saveur melon d’eau et en sirotant un coke ou un café avec du bannock. Ainsi va la vie dans la communauté de Sanirajak, où le contraste est maître et roi. La vie traditionnelle se marie avec la modernité. On visite des amis, on se promène à bicyclette dans la neige, on écoute la télévision pendant quelques heures et on chasse le phoque au harpon ! Ici, le temps s’arrête et n’a plus la même signification. Vous êtes à l’heure inuit.