Les dieux, surplombant du haut de la stratosphère le globe terrestre, ne voyaient pas que les petits hommes s’affairer tout en bas; parfois passaient dans le ciel quelques cerfs-volants sur lesquels ils pouvaient y lire des prières. Entre 2000 et 4000 ans avant aujourd’hui, l’Orient a voulu contenter l’imaginaire et la spiritualité de l’homme en lui donnant la soie et le bambou. Le cerf-volant, né en Chine, vient de ce désir d’atteindre le royaume des dieux.
« Cette idée de la rencontre entre l’éphémère et l’objet spirituel est particulière à l’Orient. Encore aujourd’hui, le cerf-volant est toujours symbole de spiritualité en Corée, en Indonésie. » Celui qui parle avec dévotion du cerf-volant, c’est Denis Trudel, un homme touche-à-tout qui s’est lancé avec son entreprise Cap aux Vents dans une aventure qui l’a mené jusqu’ici, aux T.N.-O. Les élèves de l’école Allain St-Cyr ont pu réapprendre l’art du cerf-volant lors d’ateliers donnés les 30 -31 mai et 1er juin par le cervolantiste venant du Québec. « Les Français disent un cervoliste, je préfère cervolantiste ! »
Quelques intrépides au Moyen Âge tel Marco Polo n’ont pas trouvé que les épices de l’Orient dans leurs périples. Les cales des bateaux ont remisé cet objet de spiritualité. « C’est la version la plus plausible, explique Denis Trudel. Le cerf-volant a suscité dès son contact avec les Occidentaux une fascination pour les esprits curieux et scientifiques. »
C’est le début, au 18e siècle, d’une série d’expérimentations ayant comme support le cerf-volant. « Benjamin Franklin a découvert le paratonnerre en 1752 en basant son expérimentation sur le cerf-volant », indique l’homme de 51 ans qui revient à peine d’une tournée des écoles dans le sud de la France. Il énumère une série de découvertes ayant comme source le cerf-volant. « Les premières photos aériennes, le télégraphe, l’hydravion, l’avion des frères Wright, le deltaplane, le parapenteŠmême le Programme spatial américain développé en 1948 s’est inspiré du cerf-volant pour faire redescendre sur terre les objets largué dans l’espace! »
Une fois l’avion lancé dans le firmament, le cerf-volant redescend sur terre. « L’intérêt scientifique pour le cerf-volant a disparu, pour laisser la place au jouet. » Ce n’est qu’au tournant des années 1970 que le jouet redevient objet de science, mais également objet de création. « C’est au milieu des années 1970 que j’ai commencé à réellement m’intéresser au cerf-volant. Je faisais de la photo et de la peinture sur les cerfs-volants », raconte celui qui est photographe et cinéaste de formation. C’est le début de sa grande aventure qui l’amène un peu partout dans le monde, de la Suisse à Singapour.
« Je vois maintenant le cerf-volant comme un outil pédagogique très puissant, qui fait interagir les arts plastiques, la géographie et les sciences de la nature. » La « cerf-volant thérapie », comme Denis Trudel la désigne, interpelle les gens de tous âges. « C’est un outil d’intervention qui apporte l’estime et le goût de la réussite. »