Je sais que j’ai un récit à finir sur l’Amérique du Sud, mais pendant que j’ai très frais à la mémoire ce merveilleux voyage que je viens de faire aux Îles-de-la-Madeleine, je vais remettre à plus tard cette fin de récit.
Il y a déjà quelques mois que j’avais décidé de me joindre à la croisière qui fait Montréal – Îles de la Madeleine – Montréal. Comme il s’agissait d’une croisière de bridge, mon nouveau dada, la décision n’a pas été trop difficile à prendre. Et comme j’avais quelque chose à Montréal le 20, jour de notre retour, cela ne pouvait mieux adonner.
C’est donc par un beau vendredi matin que nous sommes partis en voiture de Québec. Je suis allée prendre C., ma compagne de voyage et partenaire de bridge pour la croisière.
Nous avons sans aucun mal trouvé notre route pour le quai de départ et l’embarquement s’est vraiment fait en toute facilité, malgré un gros repas-bénéfice sur le bateau. Nous laissions notre voiture dans un hangar attenant au bateau moyennant un léger montant d’argent, ce qui nous facilitait la tâche, il va sans dire.
C’est donc par un soleil radieux que nous sommes passés sous le pont Jacques-Cartier, en pleine heure de pointe. Vous aurez compris que l’heure de pointe ne s’adressait en rien à nous, et c’est en toute quiétude que nous avons tout doucement remonté le fleuve jusqu’au pont Laviolette, à Trois-Rivières, magnifique pont sous lequel nous avons passé vers les 21 heures.
Mais laissez-moi vous parler du bateau. C’est un petit bateau par rapport aux bateaux de croisière conventionnels. Les cabines sont minuscules, mais comme nous ne comptons pas passer grand temps là, sauf pour dormir, ça va. Ma partenaire de bridge et moi avons pris chacun notre cabine individuelle, question de se donner un peu d’espace. C’est une bonne idée que nous avons eue là.
Le lendemain matin, après une première nuit de navigation, nous nous retrouvons devant Tadoussac. Aux Escoumins, notre pilote de navire pour le St-Laurent nous quitte, Nous avions déjà eu un pilote entre Montréal et Trois-Rivières et un second est embarqué pour naviguer avec nous de Trois-Rivières aux Escoumins. À Tadoussac, nous changeons de rive et longeons la rive gaspésienne du fleuve. Les petits villages et petites villes se succèdent au fil de l’eau. C’est magnifique. En plus, la belle température est au rendez-vous. Tout pour être heureux. Près de Cap-Chat, les dizaines d’éoliennes tournent joyeusement au vent. Joli spectacle à observer. Plus tard dans la soirée, nous passons devant le Rocher-Percé. C’est la première fois que j’ai l’occasion d’observer à loisir le Rocher vu de la mer. Les autres fois, je l’ai admiré du bord de l’eau. Le spectacle est magnifique.
On accoste à Chandler le soir, assez tard. Là embarquent voyageurs et voitures pour la dernière étape avant d’atteindre les Îles. Et le bateau repart en pleine nuit. Et pendant la nuit, la mer est très agitée. Ça brasse pas à peu près. On voit le linge accroché aux crochets se balancer d’un côté à l’autre. Je me lève pendant la nuit pour aller admirer la mer agitée. Dieu merci! J’ai je pied marin. Je ne suis aucunement dérangée par le roulis du bateau. Le lendemain, on apprendra que plusieurs personnes ont été perturbées par le temps et ont été malades.
Sur les Îles, nous avons pris les excursions pour les trois jours où nous y serons. Bonne idée! À notre départ, nous aurons vu les îles au complet, et notre guide madelinot aura réussi à nous rendre amoureuses de son coin de pays.
Ma compagne de voyage a déjà connu une femme des Îles quelques années auparavant, et va la chercher pour venir prendre le premier souper avec nous, au Vieux Couvent. Cette femme des Îles, Virginie, à quatre-vingt-douze ans et est étonnante par sa vivacité d’esprit, son sourire rayonnant et sa présence. On va la revoir tous les jours, pendant notre séjour, alors qu,elle viendra nous rejoindre pour manger avec nous. Et elle nous sert même de guide à l’occasion, au grand étonnement et ravissement de notre guide officiel. Il ne la connaissait pas, mais lui promet de revenir la voir une fois les voyageurs partis. Une belle rencontre s’est produite.
Notre guide, avec son humour très madelinot, nous montre des maisons peintes en rouge, en insistant sur leur couleur rouge péquiste. C’est une blague. On la trouve bonne, mais personne ne réagit. Virginie, notre dame des Îles écoute le guide et soudain, lui montre une jolie maison bleue et lui dit : « Regarde, la belle maison bleu libéral. » Elle est la seule à avoir réussi à lui répondre du tac au tac. C’est ça le sens d’humour des Îles. Et il semble que même à quatre-vingt-douze ans, on ne le perd pas! Quelle inspiration cette femme!
Les Îles sont d’une beauté à couper le souffle, Les dunes de sable succèdent aux dunes de sable. Les caps succèdent aux caps. La mer prolonge la mer. Le charme opère. Nous sommes envoûtés. Les gens sont d’une gentillesse sans pareille. Je vais revenir. C’est certain. C’était le dernier endroit au Québec que je n’avais pas encore vu (exception faite de l’île d’Anticosti). Que j’ai bien fait de le garder pour dessert.
Le mardi, le bateau s’éloigne des Ïles dans un épais brouillard. Après avoir passé trois superbes journées, dans pluie ni bruine, et même sans vent, le large nous emporte avec nos merveilleux souvenirs. Et en plus, nous avons réussi une fois à nous classer premières au bridge! Mais ça, c’est une autre histoire! Et le voyage de retour se fait sans anicroche. Nous faisons escale à Québec, où je deviens touriste dans ma propre ville et je vais admirer les jardins des visionnaires de Franco Dragone, au Musée des civilisations. Encore une nuit sur le bateau et nous arrivons à Montréal aux aurores, avec un magnifique soleil.
Et c’est la fin de notre odyssée. Ceux d’entre vous qui sont déjà allés aux Îles savent de quoi je parle. Ceux qui n’y sont pas encore allés, j’espère vous avoir donné le goût de vous y rendre. Et ceux qui y sont, je vous salue!