le Lundi 25 août 2025
le Jeudi 5 août 2010 13:20 Divers

Aventures ténoises Des pélicans dans mon salon

Aventures ténoises Des pélicans dans mon salon
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Vendredi soir dernier, c’était la frénésie, comme à tous les vendredi soirs, mais encore plus cette fois-ci. La fin de semaine dernière, c’était le temps d’aller célébrer les rapides de la rivière Slave à Fort Smith. Cap vers la grande fête annuelle de la pagaie : le Paddlefest!

Tente, sac de couchage, chasses moustiques (OFF® et Muskol, je ne sais jamais lequel préférer), crème solaire, café, t-shirt d’une vieille édition du Paddlefest, même si je n’y étais jamais encore allée, matelas de sol, le tout wrappé dans mon sac à dos. J’avais UN plan pour la fin de semaine : camper à Fort Smith et profiter du Paddlefest avec un paquet de Ténois qui savent tirer du plaisir dans chaque lueur du ciel. Je me sentais prête à me faire surnommer Alexander Supertramp à aller camper comme ça avec les pélicans, dans le parc national des bisons des bois!
17 h, je suis assise sagement sur mon sac, le sourire fendu jusqu’aux oreilles. J’attends Rudy, qui est parti sur l’heure du midi de Yellowknife pour Fort Smith via Hay River. À 18 h, j’attends toujours Rudy. Je me dis que ça va peut-être aller à 19 h, on est dans le Nord, tout le monde sait que personne est à l’heure. Je m’arme à l’attente (on est vendredi quand même, c’est relax!) : je me prends un verre de vin. Je retourne m’asseoir sur mon sac. À 20 h, toujours pas de signe de vie, toujours pas de Rudy. M’a-t-il oublié? Est-il passé tout droit? J’envoie un message-texte à Rachelle*: « Rudy n’est pas encore là. » Hein? Apparemment, elle n’en sait pas plus que moi.
20 h 30, je marche au dépanneur pour aller me chercher de la gomme. Je suis en train de virer folle, au sens littéral.  M’asseoir sur mon sac à dos, ça commence à ne pas se classer dans mes activités de fin de semaine préférées. Je suis un peu inquiète, surtout. J’essaye d’appeler le cellulaire de Rudy. Rien, nada, nothing, boîte vocale. C’est quand même courant le « pas de signal », au pays des ours polaires (minus les ours polaires à Hay River).
21h30, mon cellulaire sonne. C’est (finalement) Rudy au bout du fil. Balbutiements de quelques excuses, la voix un peu traînante, ça empeste la mauvaise nouvelle, je la sens à plein nez. Bang! Rudy laisse tomber : « Mon char m’a lâché … » Ah non, pas vrai! Tu n’aurais pas une autre nouvelle plus le fun?
Il m’appelle du téléphone satellite d’un Québécois qu’il a rencontré sur le terrain de camping de Fort Providence, où il est pris pour la nuit. Ça fait des heures qu’il essaie de se démerder avec tout. Une voix plus déconfite que la sienne, à ce moment-là, et mon coeur fend littéralement en deux. Pauvre Rudy!
Le malheureux est pris avec ses jambes et son stock à Fort Providence. Toute l’excitation de la fin de semaine, wrappée dans mon sac à dos, en même temps que ma tente, mon sac de couchage vient de prendre une belle claque.
Je fais le tour de mes connaissances, personne ne connaît personne qui se rend à Fort Smith ou, encore, ceux qu’ils connaissent ont changé d’idée. Pas de chance. Vendredi dernier est ainsi devenu le vendredi où, à la place d’aller au Paddlefest à Fort Smith, j’ai fait du camping dans mon salon.
Mardi matin, au bureau, je raconte brièvement l’aventure à Maxence, mon collègue, il me répond d’emblée : « Tu n’as pas voulu faire du pouce? »
« … »
L’Alexander Supertramp en moi peut aller cacher son vieux t-shirt du Paddlefest, et, du coup, se cacher aussi. Faire du pouce, quelle bonne idée quand même! Si seulement j’y avais pensé…  
P.S : Au moins, Rudy dit que les gens à Fort Providence sont vraiment sympathiques!

*Rachelle Francoeur, Jeunesse TNO, qui nous attendait à Fort Smith.