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le Jeudi 10 mars 2011 17:16 Culture

Culture nordique Faire courir la culture

Culture nordique Faire courir la culture
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Elle porte des culottes carreautées que son grand-père lui a données, et si elle ne crie pas le légendaire « Mush », qui vient du français « Marche », c’est bien parce que ses chiens, elle les fait plutôt courir.

Le traîneau glisse, les chiens courent, le paysage défile, et le guide siffle à l’occasion pour redonner du baume au cœur à son équipe. Habituellement, c’est donc sans trop de bruit que Stéphanie Vaillancourt entraîne les plus jeunes chiens du chenil Beck, à Yellowknife. Mais durant la saison touristique, c’est en chevauchant une bruyante motoneige qu’elle affine ses aptitudes à placer les chiens au sein de son équipe. Les chiens connaissent le parcours sur le bout des pattes, ils tirent les aventuriers d’un jour qui ont l’impression de vivre une expérience autochtone authentique, alors que leur guide les surveille, de loin, sur sa motoneige.

Afin de pouvoir vivre une aventure en traîneau à chiens, Joseph McCarthy a prolongé de quelques jours son voyage d’affaires qui l’a amené aux TNO. « C’est un de mes collègues qui travaille ici qui m’a dit que cette famille-ci était la famille par excellence pour ce genre de voyage. Pour moi, avec la vitesse, ce que je recherche c’est vraiment de traverser le territoire d’une façon autochtone. » Quant à Julia O’Grady, qui elle aussi fait du tourisme d’affaires, effectuer une ballade en traîneau à chiens dans le Grand Nord faisait partie de sa liste de choses à faire. « Je pense que c’est une chose à faire dans la vie, une de ces choses excitantes que l’on doit faire. »

Cela fait maintenant trois ans que Stéphanie Vaillancourt travaille pour le chenil de Grant Beck. Elle a débuté avec ce grand nom du traîneau à chiens et compte bien pousser plus loin son apprentissage à ses côtés. Elle est consciente que d’aller voir ailleurs ne pourrait pas faire de mal, mais se plaît dans ce chenil. « J’ai vraiment confiance en ce musher-là. Il a fait ça toute sa vie. Son père, son grand-père avaient des chiens. Son premier emploi, c’était d’aller chercher de l’eau avec son équipe de chiens lorsqu’il habitait à Fort Resolution. Il a été sur un traîneau toute sa vie cet homme-là. »

Avec le temps, les liens de confiance se sont resserrés entre le maître et l’apprenti, Grant Beck n’a que des éloges sur la façon de faire de sa jeune guide. « Nous parlons presque tous les jours des chiens, des chiots, et je sais que je peux lui faire confiance, qu’elle ne va pas les gâcher. Je sais qu’elle comprend les chiens, et c’est très important, car 90 % de l’entraînement d’un chien, c’est ce qui a dans la tête du chien, ce qu’il veut, ce qu’il pense et ce dont il a besoin », remarque le quadruple champion canadien de course de traîneau à chiens. Pour développer son équipe de chiens d’élite, Grant Beck a élaboré un programme de trois ans pour sélectionner les meilleurs individus de son chenil. Stéphanie Vaillancourt intervient au premier stade de ce programme de sélection et apprend en ce moment à aiguiser ses sens pour juger de la force ou du tempérament d’un aspirant champion canin. « C’est un programme de trois ans, Stéphanie va entraîner les chiots la première année, en leur montrant comment être des chiens de traîneau, comment courir avec un harnais, comment tirer. La deuxième année, elle va les mettre sur une grande équipe pour faire de plus longues distances et la troisième année, je vais sélectionner les quelques chiens (une douzaine environ) qui veulent faire ce travail, qui sont capables de le faire joyeusement et librement, tout en étant athlétiques au terme de ces trois ans », explique Grant Beck.

La jeune femme indique que les chiens, en plus d’être athlétiques et très rapides, doivent être très intelligents pour devenir un leader. Elle révèle qu’une porte s’est ouverte sur ses chances de faire de la course dès l’année prochaine. Pourtant, elle n’est pas encore décidée à courir à travers les TNO. « Je ne pense pas être une personne très compétitive dans la vie. Je ne ressens pas le besoin de montrer à tout le monde que je suis capable d’arriver avant eux autres, mais je pense que juste pour l’expérience et pour l’essayer, j’aimerais ça, car j’ai déjà été sur un traîneau avec plusieurs chiens quand ça va vite, et c’est vraiment l’fun! »

Stéphanie Vaillancourt a conscience que l’utilisation des traîneaux à chiens est une culture en voie de s’évanouir. Mais elle trouve très stimulant de faire partie de ces quelques personnes qui essayent de la faire survivre.