Numérique, enrichi toutes les semaines, le dictionnaire USITO s’est aussi donné comme mission d’être inclusif en matière de francophonie des Amériques. Tout ça à partir de l’Université de Sherbrooke.
Presqu’à l’ombre de l’Orford pour paraphraser le grand poète estrien Alfred Desrochers, au sein de la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Sherbrooke, se retrouvent ceux qui s’activent au développement du dictionnaire USITO.
Selon le site d’USITO, on serait devant « le premier dictionnaire électronique à décrire le français standard en usage au Québec, tout en faisant le pont avec le reste de la Francophonie. Il propose un contenu ouvert sur l’Amérique du Nord et sur le monde (auquel) les Québécois et les autres francophones d’Amérique du Nord peuvent s’identifier. » Vaste programme. Mais qu’en est-il dans les faits?
Les dictionnaires en ligne québécois ne pleuvent pas. Il y a bien le Grand dictionnaire terminologique (GDT) de l’Office québécois de la langue française, mais la facture de celui-ci n’a rien à voir avec celle d’USITO. Quoiqu’extrêmement rigoureux et fournissant une mine de renseignements, le GDT apparaît parfois moins convivial dirons-nous.
L’accent de l’Est
Quelle est donc la genèse de ce dictionnaire moderne, continuellement à jour et au site invitant? Charles Vincent, directeur général chez USITO / Les Éditions Delisme explique : « Usito désigne la version commercialisée du dictionnaire produit dans le cadre du projet de recherche Franqus. Il a été réalisé sous la direction éditoriale d’Hélène Cajolet Laganière et de Pierre Martel, et sous la direction informatique de Chantal Édith Masson, avec le concours de Louis Mercier comme conseiller éditorial, tous les quatre professeurs à l’Université de Sherbrooke. »
De 2001 à 2010, le Secrétariat québécois à la politique linguistique a apporté un appui financier au projet de description du français standard en usage au Québec mené par le groupe de recherche FRANQUS de l’Université de Sherbrooke. L’une des particularités du projet tient au fait que, pour la première fois, un dictionnaire de langue générale est conçu à partir d’une banque de textes québécois. Cette démarche a notamment permis à l’équipe de recherche de constater que, si l’essentiel du vocabulaire québécois appartient au français universel, environ 20 % désigne des réalités propres aux francophones du Québec et d’ailleurs.
Pendant plus de trois ans, la version pilote de ce qui allait devenir USITO a été diffusée en ligne gratuitement et mise à l’essai auprès de milliers de volontaires.
Les recherches du projet Franqus ont amené en 2012 la création des Éditions Delisme inc. « pour commercialiser le dictionnaire et poursuivre l’enrichissement, la mise à jour et la diffusion de l’ouvrage ».
Une collaboration interuniversitaire
Au fil de ses travaux, l’équipe de l’Université de Sherbrooke a pu compter sur la collaboration d’universitaires et de spécialistes venus d’universités québécoises, mais également canadiennes, comme l’Université d’Ottawa et l’Université de Moncton.
Paris Sorbonne-Paris IV et l’Université catholique de Louvain ont également contribué au dictionnaire USITO.
Si celui-ci a été conçu « pour mettre en valeur le tronc commun du français, comme le souligne M. Vincent, c’est-à-dire les emplois partagés par l’ensemble des francophones », ce dictionnaire québécois laisse aussi la place aux « particularismes caractéristiques des usages français/européens et québécois/canadiens ». Pour l’instant, USITO est enrichi des apports acadiens, belges et suisses. Il est clair cependant pour Charles Vincent que ce nouvel outil sera bonifié par des démarches auprès de la francophonie canadienne comme les Franco-Manitobains, ainsi qu’en Louisiane, aux Antilles, au Maghreb et en Afrique francophone.
Mise à jour continue
Le fait d’être numérique permet régulièrement des ajouts. On parle d’une vingtaine de nouveaux sens ou mots par semaine.
Selon certaines périodes dans l’année, les abonnés au dictionnaire – plus d’un million selon Charles Vincent – reçoivent de plus d’intéressantes fiches d’information sur des mots ou expressions liés à divers thèmes, que ce soit l’hiver ou la saison des sucres, par exemple.
Il existe d’excellents dictionnaires, version papier au Québec comme ailleurs. Mais si quelqu’un se cherche un dictionnaire numérique ouvert sur l’Amérique du Nord et sur le monde, il y a fort à parier, qu’il trouvera chaussure à son pied avec USITO. Pour trouver le sens d’un mot ou d’une expression française typique à l’Amérique du Nord ou de la Francophonie, pour se faire une idée sur les usages acceptés ou non, USITO devrait devenir le dico des Francos branchés!