En 1856, sous l’influence de Glinka et de Dargomyjski, deux jeunes compositeurs – Mili Balakirev et César Cui – se réunissent à Saint-Pétersbourg pour se partager des idées de compositions en musique classique en y intégrant des rythmes, des danses, des récits et des poèmes propres au folklore russe. À ces deux grands compositeurs s’ajoutent Modeste Moussorgski en 1857, Nikolaï Rimski-Korsakov en 1861 et Alexander Borodine en 1862. Ils constituent le groupe des cinq, connus comme les cinq compositeurs qui forment le noyau du romantisme classique russe.
Ces compositeurs émergent en pleine période de changement social dans l’histoire de la Russie. En Europe, au début du romantisme, un des mouvements sociopolitiques qui accompagnent l’émancipation des peuples dominés par des familles d’aristocrates est le servage. Il s’agit d’une condition sociale – légitimée par le pouvoir coercitif des propriétaires et des forces royales – faisant des paysans une propriété des titulaires de terres. En France, cette pratique est abolie en 1779, sous le règne de Louis XVI.
En Russie, le servage est aboli en 1861, sous le règne du tsar Alexander II.
Deux des principales œuvres russes du début du romantisme ayant eu une forte influence sur la prise de décision de Alexander II sont Vadim ainsi que Le Démon, toutes deux œuvres de Mikhaïl Lermontov.
Nicolaï Gogol, avec Les âmes mortes – qui montre l’usage des noms des paysans morts qui étaient utilisés à des fins foncières – figure également parmi les écrivains qui ont influencé la décision du tsar. Jusqu’en 1861, près de 80 % de la population russe était des serfs.
C’est dans ce contexte que Mili Balakirev réunit le groupe des cinq, dont les compositions musicales sont au cœur du romantisme russe. Mili Alekseivitch Balakirev est alors le centre idéologique et d’analyse des techniques de composition, autour duquel gravitent les quatre autres membres du groupe. Il est né le 2 janvier 1837 à Nijni Novgorod, une ville située à la confluence de la rivière Oka et du fleuve Volga. Ses parents – Aleksej Konstantinovic Balakirev et Elizaveta Ivanovna – étaient issus de la noblesse. C’est sa mère qui lui apprend le piano, jusqu’à ses dix ans.