Dès que Piotr Ilitch Tchaïkovski investit ses fonctions de professeur de théorie musicale au Conservatoire de Moscou en 1866, il commence à publier des compositions qu’il avait créées depuis ses études juridiques. Ses compositions sont alors appréciées des musiciens slaves.
Piotr n’échappe pas aux tensions entre les compositeurs. D’un côté, il y a ceux qui préfèrent s’en remettre à leur inspiration sans tenir compte des méthodes scolastiques, et de l’autre, ceux qui tiennent à composer dans les cadres théoriques strictes de l’écriture de contrepoint et d’autres méthodes d’écriture des harmonies et d’instrumentation transmises dans les conservatoires.
Tchaïkovski se montre pourtant maitre dans les deux écoles.
Bien qu’il compose différentes formes de musique (opéras, symphonies, etc.), plusieurs de ses œuvres avant 1876 sont des poèmes symphoniques.
Cette forme musicale est composée d’un seul mouvement – ce qui le différencie de la symphonie, qui a quatre mouvements.
Le poème symphonique représente souvent un conte, une légende, un épisode historique ou un poème, tel que Roméo et Juliette, que Tchaïkovski compose en 1869, en se basant sur le poème de William Shakespeare en 1595, lui-même inspiré du le livre Historia novemente ritrovata di due nobili amanti de Luigi da Porto, publié à Venise en 1530.
La partition de ce poème symphonique est dédicacée à Mili Balakirev et la première a été présente au théâtre Bolchoï de Moscou en 1869 dirigé par Nicolaï Rubinstein.
Un autre poème symphonique notable, composé par Tchaïkovski et inspiré par Shakespeare est La tempête. Composé en 1873, sa première est présentée en décembre de la même année et dirigée par Nikolai Rubinstein à Moscou.
Il s’agit de l’une des plus belles œuvres de la musique classique. Dans son instrumentation, les timbres, les nuances et les hauteurs musicales représentent la naissance et le cours d’une tempête sur la mer décrite par Shakespeare dans la première partie de son poème.
Cette tempête existe par la magie de Prospère qui habite sur une ile avec sa fille Miranda. Le père de cette dernière, déporté douze ans auparavant par son frère pour le priver de ses pouvoirs de duc de Milan, commande une tempête et cause son naufrage. Tous ces éléments sont transposés en musique dans la première partie du poème symphonique de Tchaïkovski.