le Samedi 19 avril 2025
le Vendredi 14 avril 2000 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Économie

Une industrie sous-exploitée Champignons

Une industrie sous-exploitée Champignons
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Les résultats d’une enquête démontrent que les morilles sont sous-exploitées dans le Nord. Moins d’un pour cent de ces champignons comestibles est récolté chaque année. Par contre, la cueillette annuelle de champignons au Canada constitue une économie de 100 millions de dollars. C’est sans compter le montant que rapporte le travail au noir dans l’industrie. Les morilles poussent dans les régions où les feux de forêt ont eu lieu l’année précédente et ils sont marqués par un chapeau assez étroit et haut et ils sont également criblés d’alvéoles.

Or voilà que les trouvailles de l’étude suscitent de l’intérêt dans le milieu des affaires autochtones et au sein du ministère des Ressources, de la Faune et du Développement économique. Ces organismes ont soit commandité, soit participé à son élaboration.

L’étude recommande l’établissement d’un système de permis pour les gens participant à des récoltes commerciales afin de contrer le crime organisé dans le Nord. Le conseiller en faune Joachim Obst affirme que l’emploi d’immigrants illégaux, l’extorsion et les vols à main armée sont fréquents dans le milieu lorsque les cueillettes ont lieu. Il soutient même que certains de ces incidents se sont produits aux T.N.-O. l’été dernier. Malheureusement, la Gendarmerie royale du Canada à Yellowknife n’a pu confirmer ces faits, étant donné que les crimes dans le monde mystérieux du champignon ne sont pas répertoriés.

« Le système de permis implanté dans l’État d’Oregon a considérablement réduit le nombre de crimes durant la cueillette », soutient M. Obst. « La Colombie britannique examine la possibilité d’établir un système semblable afin de combattre le crime organisé dans la province. Selon moi, le système de l’Oregon peut être employé comme une référence pour protéger les habitants du Nord contre les abus dans le milieu ». Les amateurs de morilles sont prêts à payer le gros prix pour déguster ces champignons rares. Lorsque la saison de la cueillette achève, le coût des morilles augmente considérablement, passant de 200 $ à 550 $ la livre . Voilà de quoi attirer les exploiteurs.

Toutefois, M. Obst espère que la cueillette contribuera plutôt à relancer l’économie des territoires. Il prévoit qu’un système de permis avantagera les communautés autochtones et réduira l’afflux de résidents des autres provinces. L’étude démontre clairement que les compagnies européennes et américaines sont favorables à l’idée de lancer sur le marché des champignons cueillis par les Autochtones dans les forêts intactes des T.N.-O. « Si un pour cent des morilles était récolté, au moins 100 personnes par communauté pourraient avoir un emploi d’été. »

Toutefois, certaines mises en garde sont d’usage lors de la cueillette de champignons. Une distance d’un kilomètre des routes diminue le risque que les morilles soient contaminées par les combustibles, toujours selon ce dernier. « Je vois régulièrement des gens cueillir des morilles aux alentours de Yellowknife. Il y a de fortes chances que des agents polluants les aient affectés, ce qui augmenterait les risques pour les consommateurs. »

La proximité des villes européennes et américaines des champs de récolte contribue à augmenter le risque que des éléments toxiques s’infiltrent dans les morilles. Une analyse de quelques échantillons de champignons est présentement en cours dans un laboratoire suisse, selon M. Obst. Il espère que les résultats prouveront que les champignons des T.N.-O. sont les plus sécuritaires pour la consommation au monde et lanceront un véritable boom économique dans le Nord.