le Samedi 14 juin 2025
le Vendredi 21 avril 2000 0:00 Économie

Cap sur la Russie Construction domiciliaire

Cap sur la Russie Construction domiciliaire
00:00 00:00

Le projet pilote de fabrication de maisons modèles vise à ouvrir de nouveaux marchés pour écouler les produits canadiens. « Via ce projet, les entreprises d’ici peuvent exporter en Russie les technologies canadiennes, dans le domaine de la construction d’habitations, qui sont adaptées aux températures froides des républiques russes », affirme le président de Canada North Project, Bob Doherty.

Le programme est financé à 50 % par l’Agence canadienne de développement internationale (ACDI), ainsi que par Canada North Project. Le coût total du projet est estimé à 2,3 millions de dollars. La Russie va injecter environ 175 000 $. Ces frais élevés sont dus, en partie, aux coûts associés au transport de la marchandise canadienne à destination de la Russie. « Si le prix d’envoi de la marchandise au Japon est évalué à 700 $, il peut en coûter 7000 $ pour envoyer le même chargement en Russie », soutient M. Doherty.

« Les objectifs de ce programme sont d’assurer la modernisation, et la privatisation accrues de l’industrie de la fabrication des matériaux de construction dans le nord-est de la Russie, de même que l’amélioration de la technologie du bâtiment résidentiel au plan énergétique », soutient M. Doherty.

Ce projet de développement consiste à construire cinq habitations, des maisons modèles, dans cinq localités russes, ainsi qu’à assurer la formation d’ingénieurs russes. Certains d’entre eux sont venus en Alberta pour suivre des cours à l’Institut de la technologie, alors que d’autres suivent une formation dans leur pays d’origine. « Un menuisier russe connaît les bases du métier, mais la qualité n’est pas une priorité ici. Notre programme vise à leur offrir une approche différente qui leur permettra de construire des habitations de qualité supérieure », a souligné un représentant de Canada North Project actuellement en Russie, Peter Mielecki.

« En Russie, les matériaux utilisés pour la construction de maisons sont principalement le béton et la brique. Elles sont mal isolées. Grâce à la technologie des structures en bois, les nouvelles maisons seront économiques et offriront une meilleure protection face aux intempéries et aux conditions météorologiques difficiles de cette région de l’arctique russe », explique M. Doherty. D’ailleurs, une usine de production de charpente de toiture en bois a été implantée et elle est gérée par de petites entreprises locales avec le soutien de Canada North Project. Canada North Project est un consortium du secteur privé formé de compagnies tel Aurora Homes, une entité qui regroupe elle-même des entreprises ¦uvrant dans le domaine de la construction comme Ferguson Simek Clark. Cette dernière en est à sa deuxième collaboration avec la Russie. Entre 1996 et 1998, elle a construit 1000 unités de logements dans la ville de Yakutsk dans le cadre d’une activité financée par cette dernière. Le partenariat en Russie permet un échange de connaissances. « La collaboration internationale demeure toutefois risquée dans un pays fragile comme la Russie qui se relève d’une crise économique », précise le directeur des opérations à Ferguson Simek Clark, Jerry Jaud. La ville de Yakutsk doit encore « plusieurs millions de dollars à la compagnie canadienne », a spécifié M. Jaud, sans révéler le montant exact de la somme due.

Parmi les difficultés rencontrées par les entrepreneurs canadiens figurent notamment : les conditions de travail difficiles, les problèmes à la douane lors de la réception des matériaux canadiens par les autorités russes, l’équipe de travail russe, l’éloignement familial que vivent les travailleurs canadiens supervisant les opérations et l’application des normes canadiennes de construction en pays étrangers.

« Les règles changent constamment. Quand nous avons les documents requis par les autorités des trois paliers gouvernementaux russes (municipal, régional et fédéral) une nouvelle réglementation fait son apparition. La lourdeur de la bureaucratie russe ne nous rend pas la tâche facile », déplore Bob Doherty. Cette situation semble confirmée sur le terrain par Peter Mielecki. « Les choses progressent lentement, plus lentement que ce que nous avions anticipé. Nous avons perdu un mois car notre matériel a été confisqué par les douanes russes jusqu’à ce que nous ayons les papiers requis, et ce, après plusieurs inspections. Par contre, nous avons appris une leçon : maintenant, nous savons comment fonctionne le système et nous espérons que les prochains envois de matériaux se dérouleront dans les temps prévus », a déclaré M. Mielecki.

Le président prévoit par ailleurs que le projet se terminera en 2001, même si plusieurs compagnies se sont retirées du projet après la crise financière de l’été 1998. Quant à la compagnie Ferguson Simek Clark, la seule des cinq compagnies originalement impliquées dans le projet des maisons modèles, elle attend toujours son dû en ce qui concerne le premier projet de construction de 1000 unités de logements. « Nous avons participé au second projet de collaboration avec la Russie, puisque nous avons déjà investi dans cette région », déclare M. Jaud. « Il faut être très prudent dans ce type de collaboration. Bonne chance à tous ceux qui s’engagent dans des projets de cet ordre », ajoute M. Jaud. Photos: Gracieuseté de Bob Doherty