Depuis quelques années, poussés par le discours réactionnaire de droite du parti réformiste et de l’Alliance canadienne, les politiciens canadiens n’ont qu’une idée fixe : déréglementer tous les secteurs de la société. À les entendre, ce retrait de l’État n’aura que des effets bénéfiques pour la population. Pourquoi ? Parce que la compétition règle tous les problèmes. Alléluia !
Il faut les croire sur parole, ces apôtres de la compétition, la concurrence crée des miracles ! N’oublions pas que ce principe économique se retrouve inscrit dans tous les bouquins d’économie depuis l’époque d’Adam Smith et le début du capitalisme moderne.
Et pourtant, la situation du transport aérien dans le Nord devrait les confondre. On y retrouve de nombreuses compagnies et les coûts de transport par avion sont toujours exorbitants. Tentez de vous remémorer combien de fois, au cours des dernières années,vous étiez sur un vol à moitié vide. Quelques minutes avant votre arrivée, un autre avion, d’une compagnie concurrente, à moitié vide également, arrivait à l’aéroport en provenance du même endroit. Sans réglementation, ces deux compagnies continuent de se faire concurrence et nous en payons le prix : entre 500 $ et 800 $ pour un vol aller-retour entre Yellowknife et Edmonton, un vol d’environ 90 minutes. Pas surprenant que mes amis préfèrent se rendre à Paris plutôt que de venir à Yellowknife. J’exagère un peu, puisque Paris a tout de même de bons côtés.
Il est normal pour ces compagnies aériennes en concurrence de tenter de conserver leur part du marché. L’abandon de quelques vols en semaine, période creuse, les placerait en position de désavantage. Et les vols à moitié vides se poursuivent et nous continuons de payer le gros prix. Vivement une bonne réglementation qui ferait un peu de ménage dans la situation grotesque du transport aérien au nord du 60e parallèle.