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le Vendredi 18 octobre 2002 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Économie

Syndicat chez Ekati Ça joue du coude

Syndicat chez Ekati Ça joue du coude
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Malgré le fait que le Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) reconnaît l’Association des employés de BHP Billiton comme agent négociateur, l’Alliance de la fonction publique du Canada et les Métallos ne lâchent pas le morceau.

Après avoir été mis sous scellé durant plus d’un an, le vote des employés de la mine Ekati a été dépouillé à la suite d’une décision du CCRI, le 27 septembre dernier. Le résultat reconnaît l’Association des employés de la mine comme agent négociateur de la mine, malgré le procédé que le conseil a qualifié de « douteux ». Malgré cela, ni l’Alliance de la Fonction publique du Canada (AFPC), ni le Syndicat des Métallos ne se considèrent vaincus.

« Le conseil a examiné la preuve, mais il n’arrive pas à tirer une conclusion ferme à l’effet qu’il y avait vraiment collusion entre l’employeur et l’Association des employés. Cependant, il a été très clair sur le fait que la méthode employée pour collecter les cotisations était très inaccoutumée et que si l’Association ne l’a pas fait exprès, c’était une stratégie pour le moins naïve », d’expliquer Jean-François Des Lauriers, vice-président régional à l’AFPC. Le plaignant reprochait alors à l’Association des employés de faire prélever des cotisations directement du chèque de paie de ceux qui ont signé une carte du syndicat.

Selon le représentant de l’AFPC, cette méthode permettait à l’employeur d’identifier toutes les personnes qui appuyaient le syndicat. « Quand on fait de la syndicalisation, on protège l’identité et la confidentialité des gens qui appuient le syndicat, surtout dans la période sensible qui précède la première convention collective ».

C’est que l’AFPC avait appuyé l’employé dans sa plainte au CCRI, ce qui avait interrompu le processus de dépouillement des votes. Les Métallos aussi trouvaient le procédé utilisé par l’Association « très douteux ». « Notre stratégie était simple : laissons l’Association être certifiée, ensuite les employés verront un manque de service et nous allons faire notre ouvrage », d’expliquer Gilles Deslauriers, organisateur syndical pour les Métallos.

Selon ce dernier, l’Association des employés n’est pas affiliée au Congrès du Travail du Canada, ce qui veut dire que du maraudage peut toujours s’effectuer auprès des travailleurs de la mine. « L’Association a un agenda à suivre, alors, automatiquement, il faut qu’elle commence les négociations. Cependant, elle n’a pas de plan de combat au cas où les négociations n’avancent pas et elle n’a pas de fond de grève. À ce moment-là, il est très possible que la convention collective en soit une qui accommode l’employeur. Les employés pourraient alors se rebeller contre l’association et nous leur offrirons nos services », de planifier Gilles Deslauriers.

Le vice-président régional de l’AFPC refuse, quant à lui, de voir la décision du CCRI comme étant une défaite. « Le vote a eu lieu en mai 2001. À ce moment-là, les employés venaient tout juste de nous contacter. À l’époque, nous avons fait des efforts pour convaincre les gens de ne pas voter en faveur de l’Association, de manière à se donner la chance d’examiner d’autres options, mais nous avons manqué de temps », de relater M. des Lauriers.

Selon lui, la situation à la mine a évolué depuis ce temps. Plusieurs des employés ayant appuyé l’association n’y travaillent plus et l’AFPC y a fait des percées. Jean-François des Lauriers espère donc rencontrer les représentants de l’Association des employés afin de déterminer une manière d’établir la collaboration entre les deux unités syndicales. De toutes façons, ce dernier rappelle que le syndicat national est déjà engagé avec les employés dans certains dossiers, notamment, la plainte déposée par quelques 150 travailleurs à propos des heures supplémentaires. « On s’est engagé à appuyer et à fournir de l’aide aux employés en ce qui a trait à cette plainte et notre engagement reste tout à fait solide ».