le Mardi 29 avril 2025
le Vendredi 21 mars 2003 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Économie

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« Nous avons regardé plusieurs options et nous avons réalisé que les sujets les plus passionnants, en ce moment, sont les défis auxquels le Nord fait face et c’est tout autour de la question du gazoduc », d’expliquer l’animateur, Rick Harp, qui avait bien documenté ses recherches avant la présentation de l’émission, le 7 mars dernier.

Les invités de l’émission, pour répondre aux questions de l’auditoire et du grand public, étaient Doug Cardinal, du Aboriginal Pipeline Group, le journaliste Paul Andrew et le sous-chef de la première nation du Deh Cho, Mike Cazon.

« Nous voulions inclure autant de perspectives que possible. Dans nos recherches, nous avons découvert que beaucoup de gens ne se considéraient pas assez qualifiés pour en parler. Nous leur avons donc demander de venir poser des questions et le panel devenait une façon de répondre aux questions des gens », de préciser Rick Harp, deux jours avant la diffusion de l’émission Contact.

Selon Doug Cardinal, il est temps, pour les Autochtones, de sauter dans le train et de profiter de l’occasion qui passe. « C’est la première fois que les Autochtones peuvent s’engager dans un tel projet. Nous pourrons aussi utiliser nos connaissances traditionnelles sur le sujet de l’environnement », a-t-il expliqué, rappelant que les communautés autochtones pourraient profiter de la construction d’un gazoduc grâce aux droits d’accès et aux différentes opportunités d’affaires qu’apportera la construction.

« Auparavant, tout était organisé à l’avance et prédéterminé. Cette fois-ci, nous disons que nous voulons être au cœur de tout ça. Nous voulons voir ce que ce sera dans 50 ou 60 ans avant de l’endosser », d’ajouter M. Cardinal.

Pour Mike Cazon, « l’avenir ira bien, avec ou sans pipeline ». Celui-ci se demande où est l’urgence, pour les Autocthones, de sauter à pieds joints dans l’aventure. Rappelant les impacts de la construction de l’oléoduc de Norman Wells, ce dernier désire qu’une entente en béton soit signée avant que la première nation du Deh Cho ne s’engage dans le projet. « Si on s’embarque tout de suite, ça pourrait compromettre nos négociations », dit-il.

Au téléphone et dans la salle, les problèmes sociaux sont remontés à la surface des discussions. Un interlocuteur, au bout du fil, faisait remarquer que le développement industriel pouvait être déclencheur de problèmes sociaux.

Alors que certains avançaient qu’il ne s’agissait là que d’un mythe, Doug Cardinal parle de responsabilisation collective. « Il faut identifier les problèmes et ce n’est pas juste de la faute du Aboriginal Pipeline Group. C’est la responsabilité de tout le monde », dit-il.

Le journaliste Paul Andrew, quant à lui, rappelle que dans certaines communautés, aucune ressource n’existe pour faire face à la situation. « Ça prendrait un investissement et un engagement majeur pour ce dossier », dit-il.

Ce dernier croit que les préoccupations des membres des communautés situées le long de la vallée du fleuve Deh Cho sont beaucoup plus terre-à-terre. « Ce que j’entends, ce sont souvent de petites questions. Qu’est-ce qui va arriver à ma ligne de trappe ? Est-ce que je pourrai payer mon gaz moins cher ? La plupart des gens ne sont pas contre l’idée de construire un gazoduc », avance-t-il.

La députée Ethel Blondin-Andrew a assisté à l’émission. Cette dernière est intervenue en faveur de la construction d’un gazoduc. « Je ne pense pas que l’on puisse ignorer les bénéfices sociaux-économiques que susciterait la construction d’un gazoduc. Ce serait un projet gagnant-gagnant entre les communautés et l’industrie. Nous avons une occasion que nous ne pouvons ignorer », dit-elle.

Certains ont par ailleurs soulevé le fait que les emplois spécialisés étaient rarement occupés par les Autochtones. La députée rappelle donc qu’il est possible, pour les communautés autochtones, d’en venir à une entente semblable à celles conclues avec les mines de diamants. Ces dernières se sont engagées à donner de la formation à leurs employés autochtones.

Alors que certains rappelaient que le débat n’avait pas tant changé depuis la commission Berger, dans les années 1970, d’autres s’inquiétaient sur l’inclusion des résidents dans les prises de décision. « Quelles seront les chances d’influencer la décision qui sera prise ?», de questionner Kevin O’Reilley.

M. Cardinal croit que tant qu’un projet officiel ne sera pas déposé, le besoin d’effectuer une vaste consultation n’est pas à l’ordre du jour. De son côté, Paul Andrew croit que les Autochtones ne voient plus le débat de la même manière. « Dans le temps de Thomas Berger, les Autochtones parlaient de la nature comme étant leur mère, leur entrepôt ou leur banque. La possibilité de voir une autre enquête de ce genre me semble loin », croit-il, répétant que les préoccupations des gens sont plus simples.