Lentement mais sûrement, les 35 postes de tailleurs de diamants se remplissent à l’entreprise Canada Dene Diamonds (CDD), située à N’Dilo. Copropriétée de Detton’Cho, bras économique des premières nations dénées de Yellow-knife et de Schachter & Namdar, multinationale diamantaire israélienne, l’entreprise croît chaque semaine, selon le président directeur général de Detton’Cho et de CDD, Neil McFatten.
Ce dernier relate l’histoire du nouveau joueur de l’industrie mondiale de taille et de polissage du diamant. « Ça remonte à 1999, alors que les diamants de BHP Billiton ont été rendus disponibles. À partir de ce moment, on a commencé à tailler et à polir le diamant ayant en vue d’utiliser des gens sur place, en plus d’artisans déjà compétents en la matière ».
Depuis ce temps, admet M. McFatten, il a fallu réévaluer la vision de l’entreprise, détenue majoritairement par le Dénés de Yellowknife et de Dettah. « Nous avons compris qu’il y avait beaucoup de pré-requis pour être viable et avoir du succès dans ce genre d’entreprise », dit-il. C’est alors que la recherche d’un partenaire a commencé. « Nous devions avoir quelqu’un qui avait des acquis dans le domaine et qui partageait notre vision, soit d’opérer une entreprise dans le Nord et de créer des opportunités pour les membres de notre communauté ».
« Pour être rentable, il faut être très bon dans ce que l’on fait. Shachter et Namdar ont emmené ça à la table », de poursuivre le directeur général de CDD. L’arrivée de cette compagnie reconnue emmenait aussi de l’eau au moulin pour l’achat du diamant brut et ouvrait les portes du marché international afin que le produit fini soit vendu à « sa valeur maximale ».
La conception d’une telle entreprise constituait tout de même un défi de taille pour la compagnie autochtone. « Il y a un grand nombre de différents problèmes qui peuvent survenir et ils sont tous apparus à un moment ou à un autre du processus. Ça prend des gens qui savent vraiment ce qu’ils font, des experts. Dans cette industrie, il n’y a pas de place pour quelqu’un qui n’est pas sûr de ce qu’il fait. Deux millions de dollars de diamants peuvent facilement entrer dans ma tasse de café. Il faut donc savoir ce que l’on fait avant de commencer à jouer car, en très peu de temps, tu peux te retrouver avec de grands problèmes », d’expliquer M. McFatten.
Si bien que pour s’asseoir devant la machine servant à tailler et à polir le diamant, CDD a d’abord eu recours à de la main d’œuvre expérimentée provenant de l’étranger. Lentement, des stagiaires issus du programme de formation ténois ont fait une entrée progressive dans l’usine, d’autant plus que la compagnie est majoritairement détenue par des Autochtones.
« J’aimerais voir 100 % de notre main d’œuvre être autochtone, mais encore faut-il que ce soit profitable. Il est bien de former des gens, mais il y a aussi le résultat essentiel qui est important. Le polissage du diamant est très précis et ça prend plusieurs années avant d’atteindre le haut niveau qui devient rentable pour la compagnie », d’expliquer M. McFatten, qui ajoute que « nous sommes dans une position où nous avons mûri et où nous pouvons faire entrer les gens que nous avons formés ». Ainsi, six stagiaires ont fait leur début au cours des dernières semaines, alors que dix autres s’ajouteront dans les prochains mois.
Lorsque l’entreprise fonctionnera à plein régime, l’objectif sera de faire opérer l’usine durant quarante heures par semaine avec 35 tailleurs de diamants. « Avec ça, nous cherchons à produire une moyenne de 2000 carats par mois. Si nous devions avoir accès à 4000 carats, et que ça ne peut pas être fait en 40 heures par semaine, nous ajouterons un second chiffre de huit heures à notre production », de prévoir M. MacFatten.
Et les profits ? « Faisons d’abord des profits ! répond M. McFatten. Présentement, nous sommes toujours à l’étape d’être opérationnels. Quant à l’utilisation d’éventuels profits, elle est à la discrétion du chef et du conseil de bande. Ils pourront le réinvestir dans d’autres occasions d’affaires, ou construire des infrastructures là où sont les besoins », conclut le directeur général.