le Mercredi 30 avril 2025
le Vendredi 19 Décembre 2003 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Économie

Une expérience de l’Afrique

Une expérience de l’Afrique
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Le 19 septembre dernier je quittais Yellowknife pour faire un grand voyage qui allait me permettre de visiter deux pays africains, le Bénin et le Mali. J’effectuais ce voyage dans le but d’évaluer deux radios communautaires africaines pour déterminer si elles étaient assez avancées dans leur processus de mise sur peid pour que l’Agence canadienne de développement internationale (ACDI) finance une partie de leurs activités de mise en oeuvre.

Durant ce séjour, j’ai rencontré des gens d’un courage exceptionnel. Mais celui qui se démarque est sans contredit Mohamed Alidou. Il est le promoteur de la radio Bio Guerra de la commune de Sègbana, au nord du Bénin, et fondateur de l’Association pour la protection de l’enfance malheureuse, APEM.

Que fait l’APEM?

Depuis dix ans, L’APEM travaille à protéger les enfants contre les abus de toutes sortes afin de leur assurer des lendemains meilleurs. Dans le Nord du Bénin, cette mission prend une toute autre signification que ce à quoi on pourrait s’attendre. Dans cette région, les enfants nés prématurément ou présentant le siège à la naissance ou dont la mère décède en couche seront possiblement tués si personne n’intervient. Ces signes, une fois observés chez un enfant, peuvent le condamner à la sanction suprême : la mise à mort. Des croyances ancestrales, transmises de générations en générations, font en sorte que ces enfants n’ont aucune chance…

S’ils parviennent à survivre, c’est souvent dans des conditions de vie misérables car ils seront ostracisés et maltraités. Ces enfants se font appeler « enfants sorciers » et ils sont la raison fondamentale de la création de l’APEM. Le phénomène social combattu à ce niveau est l’infanticide bien que l’organisme ait élargit le spectre de ces interventions, depuis dix ans, pour inclure la prévention de l’excision et des diverses formes d’abus.

Ma rencontre avec un enfant sauvé par l’APEM

Comme je vous l’ai déjà dit, j’allais en Afrique pour m’occuper de radio mais Mohamed m’a fait visiter les bureaux de l’APEM à Parakou. Ensuite il m’a demandé si je voulais voir un de ces « enfants sorciers ». C’est ainsi que, l’air de rien, il me dit : « On a sauvé un enfant hier, un garçon, veux-tu le voir? » Et moi de répondre spontanément : « Bien sur! » Et c’est ainsi que je fit la connaissance de petit mo. L’infirmière qui s’occupe de lui m’a expliqué comment il a été sauvé. Grâce à L’APEM, un réseau de sages-femmes, infirmières et citoyens membres de l’organisme interviennent dès la naissance du bébé. Dans le cas de petit mo, la sage-femme qui procédait à l’accouchement s’adonne à être membre de l’APEM. Dès qu’elle a aperçu ce petit bébé d’à peine deux kilos et qu’elle a constaté le désintéressement des parents elle a appelé du renfort pour l’aider à sauver cet enfant.

Que faire à Yellowknife?

Me voilà de retour à Yellowknife dans mon confort douillet de canadienne ultra-gâtée et riche (aucune culpabilité ici, mais c’est quand même vrai!). Vendredi soir, le 19 décembre, j’organise une soirée africaine au bar Lucille’s en l’honneur de petit mo. L’entrée coûte 5$. Tous les dollars amassés seront versés à l’APEM. Il y aura de la bonne musique, de la bouffe africaine et une cause qui vaut certainement le détour. Au plaisir de danser avec vous.