le Mercredi 30 avril 2025
le Vendredi 9 janvier 2004 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Économie

Des nouvelles du Sud

Des nouvelles du Sud
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Bonjour à tous. Je suis de retour de vacances dans le Sud, au Mexique. Oui, je vous remercie, j’ai passé de très belles vacances. Je me suis reposée à souhait, car tel était le but principal de mes vacances. Comme vous voyez, je parle de vacances, et non de voyage, car ce genre de déplacement s’appelle vacances, et non voyage. Un voyage, ce n’est pas s’installer à demeure pendant deux semaines dans un hôtel où tout est compris : chambre, bouffe, alcool, plage, mer, etc. Cette formule tout compris est vraiment populaire et constitue une façon idéale d’aller se reposer, loin de froid et de tous soucis associés aux déplacements, etc. Je ne suis pas là pour faire l’apologie du tout compris, loin de là. J’ai découvert assez récemment cette façon de voyager. En effet, j’avais l’habitude de voyager sac au dos, parée pour les imprévus très fréquents. Depuis quelque temps, j’ai découvert le tout compris et tout compte fait, j’ai décidé que pour un repos, il n’y avait rien de mieux. Pour l’aventure, vous repasserez.

Un des côtés aberrants du tout compris, c’est de constater à quel point les gens aiment l’uniformité, aiment ressembler aux autres, aiment copier les autres. Ainsi, la majorité des jeunes se font faire de petites tresses. Pour les jeunes, passe encore, et c’est assez mignon, tout compte fait. Mais alors, les personnes plus âgées qui se ramassent avec de petites tresses, laissez-moi vous dire que ce n’est pas toujours évident, pour ne pas dire que ça frôle le ridicule. Mais contrairement aux idées apprises, le ridicule ne tue pas, laissez-moi vous le dire. J’en ai eu la preuve tous les jours quand j’étais dans le Sud.

Autre mode adoptée par tous : les tatouages. Une grande majorité des gens sont tatoués à différents degrés : Ça peut aller du papillon sur l’épaule, à Lucifer sur la bédaine, au nom de la blonde sur la main, etc. Et ce ne sont pas que les gars qui sont tatoués, et pas que les motards. Détrompez-vous. C’est tout le monde… ou presque. Chacun arbore son tatouage kétaine à un endroit de son corps ou l’autre, et pas toujours à un endroit respectable, si vous me passez l’expression. Quoi d’autre. Ah oui! Les piercings! Il va de soi que beaucoup de femmes se font percer le nombril et se promènent avec des pierres souvent pas très jolies. Et même avec un diamant, ce n’est pas toujours évident à voir. Encore une fois, presque toutes les jeunes se promènent ainsi attifées. Pas toujours évident. Quoi encore? Les bracelets à la cheville. Alors là, attention! Rares sont celles qui n’en ont pas. Vraiment spécial. Donc, si vous allez de la tête au cheville, on retrouve les petites tresses, les nez et les sourcils percés, les tatouages un peu partout sur le corps, les bijoux au nombril, et le petit bracelet à la cheville. Je viens de vous brosser le portrait parfait. Certaines personnes sautent une étape, mais je vous le jure. on dirait que tout le monde fait partie de la même tribu.

Comme vous le savez, en Afrique, les tribus affichent certaines caractéristiques qui signifient souvent l’appartenance à leur tribu. Ainsi, certains Indiens de l’Amazonie se mettent de l’argile rouge dans les cheveux. Chez les Indiens d’Otavalo, dans les montagnes de l’Équateur, les femmes s’enroulent des colliers rouges en billes de plastique autour du cou, et autour des bras. Ici, sur la Basse-Côte-Nord, les femmes indiennes portent des bas tricotés à la main aux multiples couleurs et portent des tuques tout aussi colorées. Ici, les femmes autochtones portent leur petit foulard, les pantoufles recouvertes de claques et du petit parkas avec leur jupe craquée. Toutes ces manifestations et des milliers d’autres dans le monde servent à affirmer l’appartenance à un groupe, une tribu, un clan, etc. Mais les petites tresses, tatouages, nombrils percés et bracelets au pied? Cela affirme l’appartenance à quelle tribu? À quel groupe? Les fans de Britney Spears? De Madonna? D’un groupe de motards quelconque, très quelconque? Je vous le donne en mille et pense que cela mériterait une étude sociologique poussée. La réponse pourrait être étonnante. Je ne suis pas là pour vous donner des réponses, mais plutôt pour vous présenter des observations plus du genre de celles d’une fille en vacance que celles d’un anthropologue en plein travail. Mais cette fascination qu’ont les gens pour être en tous points semblables à leurs semblables (si vous me passez l’expression) est tout simplement mirobolante. Et je n’exagère en rien, cette fois, vous en conviendrez.

Et n’allez surtout pas croire qu’il ne s’agit là que des jeunes. Encore une fois, j’ai vu des choses si ridicules qui, encore une fois, si le ridicule tuait, des personnes seraient tombées raides mortes, sur-le-champ. Et j’ai en effet constaté que le proverbe est utilisé à tort. Si vous voulez en avoir la preuve, allez faire un tour sur des plages et vous constaterez la véracité de mes dires. Point besoin d’aller dans le Sud pour ça. Les plages d’ici feront l’affaire en été, il va sans dire. Comme je vous le disais, les humains se plaisent bien à copier leurs semblables. Ne vous demandez pas pourquoi ils s’appellent les semblables.

Et sur ces belles paroles je vous dis, ne vous en faites pas si vous avez le nombril percé, le nom de votre chum tatoué sur l’épaule ou vous, monsieur, un gros dragon dégueulasse et mal dessiné bien posé sur votre bras. Ce n’est pas grave. On est comme ça, nous les humains. Et là-dessus, je dois aller refaire mes petites tresses et désinfecter mon tatouage. Je plaisante vous croyez? N’en soyez pas si sûr! [email protected]