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le Vendredi 26 mars 2004 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Économie

Budget fédéral Blondin-Andrew jubile, les syndicats craignent la privatisation

Budget fédéral Blondin-Andrew jubile, les syndicats craignent la privatisation
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« Je dois dire que je suis très contente. Ce sont des bonnes nouvelles pour le Nord. Nous avons une section entière de planification du budget dédiée aux territoires. C’est aujourd’hui que le soleil brille pour nous », a lancé la députée de Western Arctic, Ethel Blondin-Andrew, après la lecture du discours du budget par le ministre fédéral des Finances, Ralph Goodale, le 23 mars dernier.

« Mme Blondin-Andrew est membre du Cabinet fédéral, on ne s’attend donc pas à ce qu’elle fasse des déclarations autres qu’un appui au budget qui a été déposé. Elle s’en va en élections et elle va évidemment démontrer qu’elle est satisfaite, même contente de ce qui a été mis sur la table », de réagir le vice-président exécutif pour la région du Nord de l’Alliance de la Fonction publique canadienne (AFPC), Jean-François Des Lauriers.

Parmi les points saillants du budget, selon Mme Blondin-Andrew, on retrouve les 90 millions sur cinq ans pour le développement économique du Nord, les 75 millions sur trois ans pour le développement du pétrole et du gaz naturel dans le Nord et les 3,5 milliards de dollars dédiés au nettoyage des sites contaminés. « Sur une page du budget, on cite la mine Giant et la contamination à l’uranium au Grand lac de l’Ours. Le budget dit que 60 % de cet argent ira dans le Nord, contribuant à l’environnement, le développement économique et la croissance de l’emploi », dit-elle.

La députée poursuit ensuite avec la liste des dépenses fédérales qui auront des impacts sur les Territoires du Nord-Ouest. Parmi celles-ci, la Stratégie pour les Autochtones vivant en milieu urbain, l’intégration des personnes handicapées sur le marché du travail, le programme de l’Arctique, le versement de 20,5 millions de dollars aux Métis à la suite du jugement Powley sur les droits ancestraux de cette nation et les 150 millions de dollars supplémentaires sur trois ans en paiements de transferts pour les territoires septentrionaux. Selon la ministre, cet argent permettra au GTNO de « traverser les temps difficiles ».

Jean-François Des Lauriers ne voit pas les choses de la même façon. « Les TNO se retrouvent seuls à supporter un fardeau de dette et le fédéral n’a pas traité des problèmes du gouvernement territorial. C’est un scandale, puisque le GTNO se retrouve avec un déficit et arrivera éventuellement à sa limite d’emprunt et le fédéral s’en lave les mains. C’est scandaleux, la manière dont le fédéral a abandonné les territoires », dit-il.

La santé

Dans son éloge du budget, Ethel Blondin-Andrew ne manque pas de rappeler les 60 millions de dollars supplémentaires sur trois ans destinés aux trois territoires pour leur système de santé. « Je ne vois aucune surprise du côté de la santé. Ils ont simplement confirmé les deux milliards promis aux premiers ministres des provinces et des territoires. Le problème, c’est que c’est un versement unique, mais les besoins ne s’en vont pas. Je ne vois aucune réponse aux besoins en matière de médicaments ou des soins à domicile, par exemple », fait valoir la présidente du conseil régional de l’AFPC pour les TNO, Suzette Montreuil. Cette dernière rappelle aussi que le « fossé Romanow », qui constitue la différence entre les transferts fédéraux aux provinces avant les coupures du milieu des années 1990 et les transferts actuels, n’a pas été abordé.

Selon Mme Montreuil, cette situation survient « dans un contexte où, pendant les quatre dernières années, nous avons sous-estimé les surplus de 30 milliards de dollars. Nous sommes donc dans une situation fiscale saine. Si nous étions politiquement décidés, nous pourrions vraiment nous impliquer en santé ».

Crainte de privatisation

« Ralph Goodale a énoncé clairement que ce budget a été élaboré avec l’aide d’experts et d’économistes du secteur privé, soit ses amis des banques et des multinationales. Alors bien qu’il ne l’ait pas annoncé de but en blanc, on voit ce qui s’en vient et on se dirige vers des privatisations », signale Jean-François Des Lauriers, qui s’appuie sur l’annonce de coupures de un milliard de dollars dans tous les programmes. « Nous en sommes rendus au point où la fonction publique a déjà de la difficulté à livrer les services que les Canadiens s’attendent de recevoir et on veut encore sabrer là-dedans », dit-il.

« En s’attaquant aux services publics et en les affaiblissant, ça donne du poids aux arguments de ceux qui sont en faveur de la privatisation. Ils diront que c’est évident que les services publics ne fonctionnent pas et ça leur donne une raison pour aller vers le secteur privé », poursuit M. Des Lauriers. Sans manquer de souligner le scandale des commandites, ce dernier rappelle que les entreprises privées n’ont pas à rendre de compte aux contribuables canadiens et que la vérificatrice générale du Canada n’a pas le pouvoir d’aller vérifier les livres de ces entreprises. « Donc, le gouvernement Martin et le ministre Goodale ont parlé de faire une expansion du rôle du privé à l’intérieur du gouvernement, ce qui va affaiblir la capacité des Canadiens à avoir un œil sur les dépenses et l’utilisation de leurs dollars ».

Prudence budgétaire

Ethel Blondin-Andrew n’hésite pas à parler de prudence budgétaire pour ce premier budget Goodale, et probablement le dernier avant la prochaine élection fédérale. Ce à quoi Jean-François Des Lauriers répond que le Canada jouit d’une meilleure position fiscale que n’importe quel pays industrialisé à ce jour. « Il n’y a aucune raison de ne pas utiliser le surplus accumulé pour financer des programmes gouvernementaux comme la santé ».