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le Vendredi 3 septembre 2004 0:00 Économie

La Commission d’examen conjoint Projet gazier du Mackenzie

La Commission d’examen conjoint Projet gazier du Mackenzie
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C’est Robert Hornal qui présidera la commission qui a pour mandat d’évaluer les effets potentiels du projet gazier du Mackenzie sur l’environnement et le milieu de vie des résidents de la zone du projet. Dans les années 1970, M. Hornal a été directeur du Programme des affaires du Nord pour les TNO, puis il a été nommé administrateur du pipeline du Nord pour la Colombie-Britannique, en 1981. Il est présentement directeur de Robert Hornal and Associates Ltd, une firme de consultants spécialisé en gestion de ressources et dans les dossiers autochtones, environnementaux et socio-économique.
Les autres membres de la commission sont Gina Dolphus, qui a été vice-présidente de la Land and Finance Corporation de Deline, Barry Greenland, sous-chef de la bande autochtone d’Inuvik, Percy Hardisty, coordonnateur de l’Assemblée nationale des Dénés, Rowland Harrisson, membre de l’Office national de l’énergie, Tyson Pertschy, membre de la Commission d’arbitrage des Inuvialuits, et Peter Usher, un géographe qui avait pris part à la commission Berger dans les années 1970.
Le dévoilement de la Commission, a indiqué le ministre des Ressources, de la Faune et du Développement économique, Brendan Bell, « est un grand pas en avant dans un projet qui emmènera des bénéfices énormes aux Ténois ». Selon le ministre, « le Projet gazier du Mackenzie est la pierre angulaire du plan de notre gouvernement pour le développement économique présent et futur des TNO ».
Mais tous ne partagent pas cet enthousiasme. La directrice générale du Conseil du statut de la femme des TNO, Barbara Saunders, est déçue. Tout d’abord, souligne-t-elle, la Commission est très majoritairement masculine. Des sept membres qui la compose, six sont des hommes. « Considérant qu’il s’agit d’un projet national, il devrait être soumis aux lois fédérales sur l’équité des genres et on aurait du faire un effort pour impliquer plus de femmes », dit-elle.
Mme Saunders estime également que le cadre de références ne tient pas compte des propositions du Conseil du statut de la femme. L’organisme basé à Yellowknife faisait partie des 16 groupes qui avaient reçu du financement afin de participer à l’élaboration du cadre de référence. « Je pense que les points de vue féminins sur ce projet ne sont pas écoutés », déclare Mme Saunders.
Le directeur de la recherche du Canadian Arctic Resources Commitee (CARC), Kevin O’Reilly, estime lui aussi que les recommandations de son organisme n’ont que peu influencé le cadre de références. Le CARC avait insisté sur l’importance de tenir compte des « effets cumulatifs » notamment de l’utilisation qui sera faite du gaz une fois acheminé en Alberta. « Rien de tout ça n’a été incorporé au cadre de références », dit O’Reilly.
Au Sierra Club du Canada, qui avait également formulé des recommandations pour le cadre de références, on fait un constat semblable. « La plupart de nos suggestions pour le Cadre de références n’ont pas été retenues par les trois parties qui prenaient la décision [Environnement Canada, l’Office des répercussions environnementales de la Vallée du Mackenzie et le Conseil Inuvialuit de gestion du gibier]. Alors ça nous a un peu déçu. Spécialement en ce qui a trait aux changements climatiques. Nous pensons que l’évaluation environnementale devrait être plus élargie à ce niveau là », indique le consultant du Sierra Club dans le dossier du projet gazier du Mackenzie, Stephen Hazell. « Le cadre de références, note-t-il, n’est pas très différent du brouillon » qui avait été présenté avant le dépôt des recommandations du public.
Étude d’impact
Un autre point qui fait tiquer les organismes qui s’intéressent au projet est que la Commission d’examen et son mandat ont été présentés avant l’étude d’impact environnemental. Kevin O’Reilly, est d’avis que l’étude d’impact aurait dû être déposée avant la mise en place de la commission. « Ce n’est pas ma première révision environnementale de projet et je peux vous dire que cette façon de procéder n’est pas très orthodoxe », dit-il.
Barbara Saunders Renchérit : « Faire une commission de révision est une bonne chose, mais ils révisent un projet dont ils n’ont pas les détails. » Pour l’instant, le document le plus complet disponible sur le projet gazier du Mackenzie, note-t-elle, est la trousse d’information préliminaire déposée par les promoteurs il y a plus d’un an, un document que plusieurs jugent sommaire.
Biaisée
Barbara Saunders va même jusqu’à affirmer que la Commission est « biaisée ». « Je ne crois pas que les membres sont objectifs, comme ils sont supposés l’être, dit-elle, parce qu’ils proviennent de tous des secteurs de la gouvernance et de l’évaluation environnementale et, de ce que nous en savons, tous ces secteurs supportent le gazoduc. »
Un point de vue que ne partage pas Stephen Hazell du Sierra Club. Au contraire, il semble plutôt satisfait des nominations. « C’est un bonne Commission, assure-t-il. Je ne connais pas tous les membres, mais il y en a que je connais. Et nous sommes ravis que Peter Usher et Robert Hormnal aient été nommés. Nous sommes également heureux de constater qu’il y a une bonne représentation des communautés de la vallée et du Delta du Mackenzie. »
Les membres de la Commission devaient se rencontrer pour la première fois au courant de la semaine du 29 août au 4 septembre.