La première grève du diamant au Canada n’aura pas lieu cette semaine. L’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC), qui représente les employés de la mine Ekati, a accepté de repousser son ultimatum au 7 avril.
Cette décision fait suite à l’acceptation de l’employeur, la compagnie minière australienne BHP Billiton, de reprendre les pourparlers en présence d’un médiateur. La rencontre doit avoir lieu à Edmonton les 5 et 6 avril.
Le vice-président de l’AFPC pour la région du Nord, Jean-François Des Lauriers, considère cette reprise des négociations comme un gain du syndicat. « Nos membres d’Ekati sont un groupe très militant. C’est leur solidarité qui force l’employeur à retourner à la table de négociation, c’est une victoire pour tous les membres », dit-il.
Il ajoute qu’en l’absence d’une offre satisfaisante, les travailleurs d’Ekati commenceront une grève générale illimitée dès le lendemain de la ronde de négociations.
Les principaux points en litige portent sur les salaires, l’ancienneté des travailleurs, les vacances et les conditions de travail des employés autochtones. Syndiqués depuis juin 2004, les travailleurs d’Ekati tentent de conclure leur toute première convention collective.
Scabs
Entre temps, BHP Billiton a annoncé, dans une lettre envoyée aux travailleurs au courant de la semaine dernière, qu’elle ne comptait pas cesser les opérations de la mine de diamant, advenant le déclenchement d’une grève. Cette annonce fait craindre au syndicat que la mine engage des briseurs de grève.
Dans un communiqué de presse émis le 23 mars, soit avant la reprise des négociations, Jean-Francois Deslauriers a mis en garde l’employeur contre l’emploi de briseurs de grève. « Les membres du syndicat, de même que la population du Nord en général ne tolèrent pas l’emploi de briseurs de grève – de scabs – lors des conflits de travail. Nous prévenons BHP Billiton que de pareilles tactiques n’intimident pas les travailleurs, mais risquent d’empirer la situation », a déclaré le syndicaliste.
« La compagnie devrait tenter de développer de meilleures relations avec ses employés, plutôt que de toujours les confronter », a pour sa part lancé Todd Parsons, président du Syndicat des travailleurs et travailleuses du Nord, la branche ténoise de l’AFPC.
L’emploi de briseurs de grève est légal aux TNO, mais cette pratique demeure somme toute rare. L’automne dernier, des travailleurs de remplacement ont été embauchés durant la grève des traversiers. Avant cette date, aucun briseur de grève n’avait été employé aux TNO, depuis la tristement célèbre grève de la mine Giant, en 1992, qui s’était soldée par un bain de sang.
Récompensée
Pendant que le syndicat accuse BHP Billiton de tous les maux, Commerce international du Canada, lui, la récompense.
Le 19 mars, l’agence du gouvernement fédéral a remis à l’entreprise le Prix d’excellence à l’exportation canadienne pour sa contribution à la communauté. Ce prix souligne l’apport exceptionnel de cette compagnie exportatrice dans le développement de sa communauté, à savoir les Territoires du Nord-Ouest.
« Au Canada, BHP Billiton a été une source de prospérité socio-économique pour les collectivités des Territoires du Nord-Ouest, car elle a créé des emplois, donné des débouchés aux entreprises et offert de la formation professionnelle, tout en restant axée sur le développement durable », souligne Commerce international Canada, dans un communiqué.
« Le fait de recevoir le Prix de l’impact communautaire revêt une signification particulière, a quant à lui commenté le président-directeur général de la compagnie minière, Sean Brennan. Il s’agit d’une reconnaissance très nette de ce qu’ont accompli notre collectivité, les Canadiens autochtones et le Nord en général. »
Première mine de diamants au Canada, Ekati, produit à elle seule 4 % du volume mondial de diamant bruts. C’est aussi la seule mine de diamants syndiquée au Canada.