Le Syndicat des travailleurs et des travailleuses du Nord a profité de la présence à Yellowknife du président du Congrès du travail du Canada, Ken Georgetti, pour annoncer le lancement d’un boycott national des diamants tirés de la mine Ekati.
Les grévistes de la mine Ekati partiront donc en tournée canadienne, au cours des prochaines semaines, pour convaincre les consommateurs de ne pas acheter les diamants Aurias, produits à la mine Ekati.
Pouvant compter sur un bassin de 3,1 millions de membres, le Congrès du travail du Canada croit pouvoir avoir un impact sur les résultats financiers de la compagnie grâce à ce boycott. « Nous commençons au Canada, mais nous avons des affiliations partout dans le monde. Nous ferons cependant appel à nos partenaires en dernier recours, si c’est vraiment nécessaire », de faire savoir M. Georgetti.
Ce dernier ne peut cependant pas répondre à la question à savoir combien des diamants extraits de la mine Ekati sont effectivement vendus au Canada. « Ekati produit 4 % du poids du diamant produit dans le monde entier. Nos travailleurs syndiqués font de bons salaires et peuvent avoir les moyens de s’acheter des diamants. Quand on leur demande de faire un boycott, ça fonctionne », dit-il.
Entre temps, le Syndicat a acheté des publicités dans l’édition nationale du New York Times et dans le Wall Street Journal pour inviter les consommateurs états-uniens à ne pas acheter les diamants provenant de la mine Ekati.
Ken Georgetti a profité de son passage à Yellowknife pour lancer un appel à la compagnie minière. Celui-ci demande à BHP Billiton de « retourner à la table de négociations et d’en arriver à une première convention collective ».
« BHP Billiton doit comprendre les lois de ce pays qui font du droit à former un syndicat un droit constitutionnel ». Selon la partie syndicale, la principale stratégie de la compagnie minière est de miner l’autorité du syndicat auprès de ses membres. « Ils veulent briser le syndicat, plutôt que de négocier », a laissé tomber le président du Syndicat des travailleurs et des travailleuses du Nord, Todd Parsons.
Selon ce dernier, c’est au sujet du mode d’opération du syndicat, dont le processus de vote sur une proposition patronale, que les négociations ont achoppé lors de la dernière tentative.
Rappelons que le syndicat a déposé une plainte sur le sujet en vertu du Code canadien du travail. « Quand notre cause aura été approuvée, nous serons près d’avoir une entente », laisse entendre Todd Parsons.
Todd Parsons et Ken Georgetti ont d’ailleurs réitéré leur appui aux projets de loi anti-briseurs de grève déposés récemment au Parlement d’Ottawa. « Le premier ministre Stephen Harper a fait campagne sur la promesse d’aider les familles de travailleurs au Canada. Maintenant, il peut dépasser la rhétorique de campagne et passer à l’action concrète », a lancé M. Gerogetti.
Selon lui, les lois existant au Québec et en Colombie-Britannique ont démontré « une diminution générale de la perte de journées de travail occasionnées par les grèves ou les lockouts, ce qui crée une diminution de leur durée et de leur intensité ».
Même si une telle loi était adoptée rapidement à Ottawa, elle aurait très peu d’impact immédiat sur la grève des travailleurs d’Ekati, selon M. Parsons. « Nous ne savons pas si la loi serait rétroactive. Mais dans les futurs conflits, on peut penser que ça prendrait moins de temps », explique-t-il.
Injonction acceptée
Du côté de la Cour suprême des TNO, le juge Richards a accepté la demande d’injonction soumise par la compagnie minière. Ainsi, le nombre de grévistes sur les lignes de piquetage à BBE ne devra pas dépasser 12 personnes.
Déjà, Todd Parsons a mentionné que le syndicat en appellerait de cette décision. De son côté, M. Georgetti rappelle que la Cour est appelée à « interpréter des lois qui sont faibles. Mais mon expérience avec la Cour me dit qu’elle prend rarement des décisions en faveur des travailleurs ».
Du côté de la compagnie, on se refuse à tout commentaire pour l’instant.