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le Vendredi 30 juin 2006 0:00 Économie

Les travailleurs votent

Les travailleurs votent
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L’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) et la compagnie BHP Billiton se sont entendues, le 23 juin, sur une entente de principe restant à être ratifiée par les travailleurs en grève depuis le 7 avril. Les résultats du vote seront connus le 3 juin, à 17 heures, selon le président du Syndicat des travailleurs du Nord, Todd Parsons.

Selon ce dernier, l’entente comprend des primes de maintien en poste de 8 % pour les travailleurs résidents du Nord et de 4 % pour les non-résidents. La moyenne des augmentations salariales pour les travailleurs sera de 4 % et l’augmentation minimum sera de 1,5 %. Enfin, les grévistes recevront une prime de retour au travail.

Quant à savoir si la compagnie risque de favoriser les travailleurs ayant traversé les lignes de piquetage durant la grève dans l’attribution des augmentations salariales, Todd Parsons dit qu’il gardera l’œil ouvert. « Si ça survient, nous utiliserons le processus de règlement des différends que nous avons inclu dans l’Entente de principe. Ce serait une manœuvre anti-syndicale de la part de la compagnie, ce qui est illégal ».

Selon lui, bien que cette entente ne constitue pas le Pérou, « elle mettra un terme au traitement arbitraire et au favoritisme dans la compagnie ». M. Parsons ajoute que le fait qu’une première entente survienne dans une mine de diamants canadienne constitue une première étape dans la syndicalisation de cette nouvelle industrie au pays. « Nous avons maintenant un cadre légal exécutoire dans lequel nous pouvons opérer », ajoute-t-il.

Du côté de la compagnie minière, la porte-parole, Deanna Twissel, souligne que les principaux sujets de discorde ont été réglés. « Nous nous sommes entendus sur les dispositions de salaires et de vacances. Il y a une protection totale pour les employés qui ont fait le choix légal, conformément au Code canadien du travail, de rester au travail. Un autre point critique était la capacité de choisir d’être représenté ou non par le syndicat. Nous en sommes arrivés à un compromis et les employés auront l’opportunité, une seule fois, de faire ce choix avant la ratification de l’entente. Enfin, en vertu de notre politique de tolérance zéro face au harcèlement, nous ferons enquête sur les allégations faites durant la grève. En cas de besoin, nous prendrons les mesures disciplinaires appropriées ».

Selon Mme Twissel, le choix des travailleurs quant à leur appartenance syndicale se fera au moment du vote. « Si la personne vote, elle demeure dans le syndicat, si elle ne vote pas, elle a fait le choix d’en sortir », dit-elle.

De son côté, Todd Parsons souligne que le choix est d’être membre en règle ou non du syndicat. « Si la personne fait le choix de ne pas être membre en règle, elle ne signera pas sa carte de membre et ne pourra pas participer aux réunions. Elle pourra cependant se prononcer sur les votes de grève, recevoir tous les avantages liés à la convention collective et devra payer les cotisations syndicales. Le syndicat continue donc de représenter ces travailleurs ».

En ce qui à trait aux enquêtes pour les allégations d’harcèlement, M. Parsons souligne que neuf personnes en font l’objet. « Ces employés sont suspendus avec salaire et, une fois l’enquête terminée, la compagnie a sept jours pour imposer ses sanctions qui seront ensuite sujettes à un appel devant le nouveau processus de règlement des différends ».

Si les employés décident de voter en faveur de la ratification de l’entente de principe, les deux parties devront retourner à la table des négociations pour élaborer un protocole de retour au travail. « Ce processus inclut des séances de réorientation et des réunions de sécurité », fait savoir Mme Twissel.

Selon elle, la compagnie n’aura pas à engager des agents de sécurité supplémentaires sur le site pour voir à ce que tout se déroule rondement. « Nous n’anticipons pas de problème à ce niveau », dit-elle.

Quant à Todd Parsons, il espère que les négociations sur le retour au travail « ne seront que formalités. Ce sera notre priorité et j’espère que ça ne prendra pas trop de temps ».

Pas de plainte, pas de pénalité

Les deux parties se sont aussi entendues pour que les plaintes déposées devant le Conseil canadien des relations industrielles soient retirées. Selon la compagnie, le syndicat avait 15 plaintes pendantes, alors que BHP Billiton en avait une.

Enfin, le syndicat n’imposera pas de pénalité aux travailleurs qui ont traversé les lignes de piquetage durant la grève. Pour ce faire, il a fallu l’intervention du Conseil canadien des relations industrielles. « Nous ne pouvions pas violer notre propre constitution en n’imposant pas de pénalités, il a donc fallu que ce soit le Conseil qui nous l’ordonne », explique-t-il.