À la réserve de Hay River, le chef de la Première nation Katlodeeche, Roy Fabian, a signifié le mécontentement des siens vis-à-vis le processus réglementaire entourant le Projet gazier du Mackenzie.
Comme à l’époque de la signature du Traité 8, a-t-il témoigné, les Dénés n’ont pas été dûment consulté dans l’élaboration du processus. « Nous, les Dénés, n’avons jamais cessé d’exercer notre juridiction sur le Denedeh [le territoire des Dénés] »
« Aujourd’hui la Commission d’examen conjoint tient des audiences publiques fondées sur une loi créé par le Canada, pour laquelle nous, les Dénés, n’avons pas été consultés. Nous n’avons jamais donné notre consentement pour cette loi qui s’applique sur notre territoire. Je parle de la Loi sur la gestion des ressources de la vallée du Mackenzie. Nous participons dans ce processus en signe de protestation »
« Vous êtes tous des Anglais, vous appliquez un processus anglais. En tant que Première nation Katlodeeche, nous nous assoyons avec vous en qualité de Dénés. Nous avons nos propres modes de pensée. Nous avons notre propre relation avec le territoire. Nous avons notre propre relation avec notre mère la Terre. Et, en tant qu’Anglais, vous ne saisirez jamais ce que cette relation signifie pour nous. Vous êtes des impérialistes et nous sommes des socialistes. La différence entre les deux est très grande », a ajouté le chef Fabian.
Kakisa aussi
Dans la communauté de Kakisa, qui n’est pas située sur le trajet du gazoduc, l’aîné Léon St-Pierre a tenu à souligner que les impacts du projet auront aussi des conséquences sur les gens de sa communauté.
La zone du pipeline projetée est également utilisée par les Dénés de Kakisa pour les activités traditionnelles, a-t-il dit. Il a notamment mentionné les environs de Wrigley qui sont un site de chasse aux canards.
« Ce n’est pas seulement les gens de cette région qui subiront les impacts du pipeline ; nous aussi nous les subirons. […] Nous ne voulons pas que le territoire soit détruit. Nous voulons que le territoire soit maintenu tel qu’il est aujourd’hui. Si le territoire est gâché, nous ne pourrons jamais le réparer », a lancé St-Pierre à la Commission.
Ne pas oublier les Métis
Le président du Conseil des Métis de Fort Providence, Albert Lafferty, a expliqué que les gens qu’ils représentent se trouvent dans une situation juridique particulière. Certains des membres du Conseil ont obtenu leur « statut légal d’Indien », alors que d’autres ne sont pas enregistrés au sens de la Loi canadienne.
Mais, a-t-il ajouté, les Métis considèrent qu’ils sont en droit d’obtenir des compensations égales à celles de leurs « frères Dénés ». Il estime, dans cette perspective, qu’un projet qui irait de l’avant avant un règlement équitable sur les droits fonciers des Métis – qui serait vraisemblablement enchâssé dans un éventuel accord de revendications territoriales avec les Deh Cho – irait à l’encontre des droits des Métis.
« Nous croyons que le gouvernement fédéral fait face à un dilemme : il doit nous exproprier de notre bien-être socio-culturel et de nos droits, afin de satisfaire ses engagements énergétiques envers les États-Unis. De notre point de vue, nous, les Métis et les Dénés de cette région, nous ne pouvons laisser les promoteurs [du Projet gazier du Mackenzie] traverser nos terres et emprunter nos cours d’eau, jusqu’à ce que nous ayons une juste compensation. Nous ne seront plus les victimes de la vision canadienne du développement, qui veut que l’État engrange des profits nationaux, politiques et énergétiques aux dépens de la qualité de vie des Métis, des Dénés et des générations futures », a-t-il dit.
Et il a conclu en citant le héros métis Louis Riel : « Deux sociétés ont traité ensemble. L’une était petite, mais dans sa petitesse avait ses droits. L’autre était grande, mais dans sa grandeur n’avait pas de droits plus étendus que la petite. »