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le Vendredi 25 août 2006 0:00 Économie

Ce qu’on dit aux audiences « Personne ne veut être la prochaine Alberta»

Ce qu’on dit aux audiences « Personne ne veut être la prochaine Alberta»
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L’histoire s’est répétée, aux audiences publiques de la Commission d’examen conjoint sur le Projet gazier du Mackenzie, à Yellowknife, le 18 août. Comme, aux audiences de l’Office nationale de l’Énergie, deux semaines plus tôt, aucun des 21 citoyens qui ont pris la parole n’ont parlé en faveur du projet de gazoduc.

Andrew Robinson s’est dit inquiet des changements climatiques qui sont vécus quotidiennement par les résidents du Nord. « C’est quelque chose dont tout le monde parle, dans la rue », a-t-il noté. Indiquant que l’objectif ultime du projet était de brûler du gaz naturel et ainsi d’émettre des gaz à effet de serre qui causent les changements climatiques, il a proposé que les promoteurs s’engagent à réduire leurs émissions de carbone d’au moins autant de tonnes que le nombre de tonnes qui seront produites par la combustion du gaz. En agissant de la sorte on n’empirera pas la situation, estime-t-il.

Raillant la déclaration de Stephen Harper à l’effet que les Territoires du Nord-Ouest ont le potentiel de devenir « ce que certains nomment la prochaine Alberta », Robinson a répondu que « personne ne veut être la nouvelle Alberta », ce qui lui a valu une chaleureuse salve d’applaudissements de la part de l’assistance.

Une économie hors d’échelle

L’architecte Stephen Fancott a mis la commission en garde sur les conséquences d’une économie dopée par un développement trop rapide Une croissance économique trop effrénée ne profite pas toujours à tous, a-t-il pu constaté en résidant dans une ville minière comme Yellowknife qui évolue au rythme du cycle boom and burst.

Après des années de récession, au moment où les mines d’or réduisaient toujours davantage leur production, la ville vit un nouveau boom avec l’essor du diamant. Cela crée une inflation très importante qui affecte au premier chef les gens les moins fortunés.

« Dans mon travail d’architecte, j’ai pu voir le prix des terrains et des construction augmenter de façon continuelle. Les coûts ont à peu près doublé en l’espace de dix ans », a-t-il noté.

À son avis, ce qu’il appelle des développements économiques « hors d’échelle » aliènent les personnes qui n’ont pas les capacités ou l’intérêt nécessaire pour prendre part au développement Il estime que ces conséquences seront encore plus sévères dans les petites communautés où les bases économiques sont moins fortes et où le manque d’infrastructure est criant.

Fancott a signalé à la Commission que, advenant qu’il soit construit, il serait sage d’étaler la vie du projet sur une plus longue période que ce qui est projeté pour réduire les effets pervers d’un développement hors d’échelle.

Bonnes intentions

Jenn Sharman, une bachelière en développement international qui a grandi à Yellowknife, a raconté avoir étudié, dans le cadre de cours portant sur la théorie du développement, « plusieurs cas de projets bien intentionnés qui ont mal tourné ». Elle craint que cela soit en train de se produire chez elle.

Elle note que le Projet gazier du Mackenzie et ses trois puits ne sont que la première étape d’un développement beaucoup plus vaste qui se répandra bientôt dans la mer de Beaufort, dans la région de Colville Lake et ailleurs aux dans l’Arctique canadien. Ses craintes se trouvent exacerbées par les déclarations de certains dirigeants de l’industrie gazière, comme le vice-président de Chevron Canada qui a récemment qualifié le gazoduc de « projet d’ouverture de bassin ».

Le gazoduc « marquera le début de l’industrialisation du Nord », prédit Sharman.

Jamais trop sévère

L’Arctic Indigenous Youth Alliance, une organisation de jeunes des TNO opposés au pipeline, a questionné les promoteurs sur leurs études qui arrivent toutes à la conclusion que les impacts négatif du pipeline pourront être mitigés.

« Avez-vous déjà mené une étude similaire auparavant, dans laquelle vous avez conclu que les impacts allaient être trop sévères pour être mitigés ? », a demandé la directrice de l’Alliance, Erin Freeland. Cela ne s’est jamais produit, a dû répondre le représentant d’Imperial Oil.