Par une belle journée d’automne, à Yellowknife, un samedi matin, j’aperçois de loin, cinq personnes déambulant dans les environs de la vieille ville. Appareils-photos au coup, sac au dos, souliers de marche aux pieds, et, émerveillement dans les yeux : des touristes observent les maisons-bateaux. Par les sons qu’ils émettent, cela me laisse croire que ce sont « des Français de France ».
Ils m’ont observée, sortant de ce paysage presque irréel, débarquant d’une chaloupe avec un husky et se disant sûrement : voilà un « habitant canadien » qui les attaquent soudainement d’un « Bonjour! »
Un « Tu parles! » marque alors leur scepticisme de trouver un habitant francophone dans ces contrées lointaines. (L’exclamation « Tu parles » souvent employée chez les Français, se traduit chez les Canadiens français : « Ça parle au diable » et si vous ne comprenez ni l’une ni l’autre de ces expressions, traduisons par : « unbelievable »). Ils s’attroupent rapidement autour de moi car, pouvoir me parler en français installe immédiatement une complicité entre nous qui les pousse soudainement à me poser des questions sur la vie aux Territoires. Je sens que ces questions, ont été refoulées, je dirais, depuis plus de 10 jours étant donné la barrière linguistique. C’est comme si, soudainement, ils expiraient un grand souffle digne de faire des vagues sur le Grand lac des Esclaves.
Il me fait donc plaisir de leur répondre, (déformation professionnelle), pendant que mon chien, Magouille, tire sur la laisse. Ils aimeraient bien faire un tour de bateau sur la baie, mais ils seront déjà en route vers Fort Smith lorsque le prochain tour aura lieu. Avant de continuer ma route, je leur donne quelques indications de plus sur les choses à ne pas manquer.
Ils repartent, souriants. Je continue de marcher en retenant de cette conversation qu’ils sont émerveillés par les grands espaces et par les gros mammifères, qu’ils ont été ravis d’avoir eu un guide francophone pour quelques minutes, et que la veille, ils ont eu de la difficulté à commander une pizza en anglais…
Nous avons tous remarqué qu’en habitant ces vastes Territoires (paysages qu’on utiliserait comme papier-peint dans les tours à bureaux de grands centre-villes) que les gens, les personnages, qui habitant ces territoires, sont tout aussi fascinants les uns que les autres, et qu’un contact avec eux fait aussi parti du paysage, du voyage et du séjour.
En tant que communauté francophone, il y a place à ce qu’on puisse offrir aux visiteurs francophones l’occasion de favoriser les échanges ou rencontres en français. Donnons-leur signe de vie, en leur manifestant un brin de notre culture ou de notre histoire qui se façonne, jour après jour, par notre communauté : anecdotes, souvenirs, événements, rencontres, tableaux, films, photographie…
Mais comment favoriser ce contact, autrement que par hasard?
Entre autres, le CDÉTNO mettra sur pied un programme d’affichage des services en français pour les touristes et la communauté francophone. Le signe « Bonjour! » marquerait les portes d’entrée de commerces ou des services, et un guide énumérant ces services serait disponible. Nos touristes francophones, ou tout autre amant de notre culture, pourront, par exemple, casser la croûte en jasant avec un serveur vietnamien qui parle français, acheter du sirop ou autres produits (créons-en!) dans une association francophone, porter une attention particulière sur les peintures installées sur le mur de la 50e rue de Yellowknife, et, une fois rendus à l’hôtel, lire tranquillement L’Aquilon et programmer leur radio-réveil sur les ondes de Radio Taïga, afin que la journée du lendemain puisse commencer sur un rythme endiablé.
Pour toute information sur le programme d’affichage en français ou si vous êtes intéressé à participer à une formation sur le développement de produits culturels ou historiques, contactez Isabelle Lavallée au Conseil de développement économique des Territoires du Nord-Ouest au 867-873-5962 ou sans frais au 1-866-849-9139.