Pour l’économiste David Leadbeater de l’Université Laurentienne, les Territoires du Nord-Ouest ne devraient pas s’imaginer, comme nous répète la pub, que « les diamants durent à jamais ». Tôt ou tard, la ressource sera épuisée et les mines fermeront.
« Il n’y a pas d’industrie minière durable », a expliqué à L’Aquilon le professeur de passage à Yellowknife, il y a trois semaines, pour donner une conférence sur les fermetures de mines.
Co-auteur d’une étude sur les conséquences socio-économiques de la fermeture simultanée de quatre mines dans la communauté de Elliot Lake en Ontario, Leadbeater ne voit que des désavantages à fonder exclusivement une économie sur les ressources naturelles.
À Elliot Lake, la fermeture des mines, comme on peut l’imaginer, a fait augmenter en flèche le taux de chômage, incité un nombre important de résidents à quitter la communauté et réduit le revenu des habitants.
« Ce n’est pas seulement les employés de la mine qui sont en chômage, ce sont aussi les commerces qui ferment eux aussi parce que les gens n’ont plus les moyens d’acheter chez eux », explique-t-il.
À cause des pertes d’impôts fonciers, les municipalités se retrouvent avec des revenus moindres et l’infrastructure publique en paie les frais. « Moi ce que je suggère aux municipalités où une mine veut s’installer, c’est d’obliger l’industrie à contribuer à un fonds d’infrastructures qui pourra être récupéré quand l’inévitable fermeture se produira. »
Il importe, affirme-t-il, de diversifier son économie. « Sinon, ce que l’on observe, c’est que, au moment de la fermeture, les gens se retourne vers ce que j’appelle ‘‘des solutions désespérées’’. À Elliot Lake, ils ont essayé de faire construire un casino. »
Comme alternative à l’industrie des ressources naturelles, David Leadbeater, met en garde les Ténois contre l’industrie du tourisme qui, estime-t-il, n’est pas toujours aussi saine qu’on le croit. « Le tourisme, et même l’éco-tourisme, ça crée de l’embourgeoisement. Ça prive les résidents de l’usage des terres. Ici où les gens choisissent de vivre en bonne partie à cause de la proximité de la nature, le tourisme pourrait être vécu comme un envahissement. »
Mais alors, on fait quoi ?
« On peut faire ça, lance-t-il en désignant son gilet de marque Chlorophile, une PME de la région québécoise du Saguenay. Évidemment, je ne dis pas que les TNO devraient nécessairement se lancer dans la confection de chandails. Mais développer des produits originaux et locaux, ça c’est de l’économie qui fonctionne et qui dure. »
Il mise surtout sur le développement de l’économie du savoir. « Il faut impérativement que les Territoires du Nord-Ouest aient leur propre université. Ça crée de la richesse, une université. En ce moment toute la recherche qui se fait ici est effectuée par des universités et des organisations du Sud. Ça n’a pas de bon sens. Il faut arrêter de toujours se faire dire quoi faire par des chercheurs venus d’ailleurs. Prenez moi par exemple. On est venu me chercher de l’Ontario pour vous raconter ce que je viens de vous dire. Il y a quelque chose qui ne va pas. »