Le thème du développement durable était à l’ordre du jour lors des audiences publiques de la Commission d’examen conjoint du Projet gazier du MacKenzie qui a eu lieu à Yellowknife du 26 au 29 septembre.
À nouveau, de nombreux experts et représentants de groupe d’intérêt sont intervenus lors de ces quatre journées de discussion. L’économiste et professeur à l’Université Laurentienne à Sudbury, David Leadbeater, qui fut invité par le groupe Alternative North, est un de ceux qui furent particulièrement critiques face à la durabilité du projet de gazoduc.
L’expert en économie a énuméré plusieurs points qui font l’objet de questionnements dans le mégaprojet de 16,2 milliards de dollars. Il a notamment parlé du contrôle disproportionné du projet par des intérêts étrangers, un niveau d’extraction de la ressource trop rapide, une emphase quasi exclusive sur l’exportation et un ratio d’employabilité remarquablement bas pour un projet de cette envergure.
M. Leadbeater explique que le plus gros projet de l’histoire des Territoires du Nord-Ouest ne créera que 205 emplois directs par année. Il ajoute que les emplois reliés à la construction de la structure ne dureront que quatre ans seulement, à raison de quatre mois par année.
« On peut constater un ratio de 69 millions de dollars pour chaque emploi selon les derniers estimés du Projet gazier du MacKenzie en comparaison, disons, avec un hôpital qui est à 160 000 $ par emploi créé. C’est vraiment l’extrême d’un faible impact sur l’emploi », a déclaré l’économiste devant la Commission.
David Leadbeater croit aussi qu’il est impératif de diminuer le niveau d’extraction de gaz naturel afin de prolonger la durée de vie de la ressource. « Pour les générations futures, après 25, 27, 30 ans ou deux générations, ce précieux gaz sera disparu et plusieurs possibilités sur le plan des technologies et du développement économique auront passé », a-t-il souligné.
L’universitaire poursuit que le projet, dans sa forme actuelle, ne mènera pas à un développement durable et équitable. Il mentionne aussi que les priorités doivent être clarifiées et prévoir une utilisation de la ressource à l’échelle locale et régionale.
M. Leadbeater croit fermement que l’aboutissement de ce projet doit également être une occasion pour le gouvernement territorial d’avoir un meilleur contrôle sur les coûts de l’énergie qui sont sans cesse grandissants.
« Une fois le gaz connecté aux marchés du Sud, il y a de fortes chances que les TNO se retrouvent emprisonnés dans le système mondial avec une escalade des coûts de l’énergie. Une politique énergétique territoriale doit être mise en place pour protéger les résidents des prix élevés générés par ce qui se passe à l’extérieur des frontières des TNO », a suggéré M. Leadbeater.