La courte session de quatre jours à l’Assemblée législative, la semaine dernière, a été marquée par plusieurs questionnements sur le projet de pont du Deh Cho à Fort Providence. Certains députés déplorent le manque de transparence du gouvernement dans ce dossier.
La députée de Hay River Sud, Jane Groenewegen, a confronté le premier ministre Floyd Roland en demandant pourquoi ce dernier n’avait pas informé les députés, lors des travaux en chambre d’octobre dernier, de l’attribution d’un contrat de concession à la Deh Cho Bridge Corporation le 28 septembre.
« Le concept du pont du Deh Cho est bon, mais le processus a fait défaut et l’absence de cette information ajoute l’insulte à l’injure », a t-elle dénoncé. Mme Groenewegen croit fermement que le premier ministre aurait dû faire mention de cette entente, lorsque questionné en chambre sur le dossier du pont le 19 octobre. Rappelant que ce contrat avait été conclu lors de la législature précédente, M. Roland s’est néanmoins repenti. « Je suis désolé si je n’ai pas été assez sincère ou assez clair, mais comme le hanzard le démontre, j’ai répondu aux questions qui m’ont été dirigées […] ce jour-là », a-t-il répliqué.
Le député de Kam Lake est aller encore plus loin exigeant tour à tour de Floyd Roland et du ministre des Transports, Norman Yakeleya, qu’une enquête publique soit tenue sur le dossier.
« Je ne suis pas un avocat, mais la première question qui me vient à l’esprit est pourquoi le gouvernement a signé un document qui laisse 12 points en suspens. […] Ce que je vois est un empressement à signer une entente de concession qui est, en fin de compte, une entente incomplète […] trois jours avant la tenue des élections », a-t-il signalé, justifiant ainsi sa requête.
Dave Ramsay a déploré le manque de transparence du gouvernement depuis le début dans ce dossier. « Il y a eu un changement de cap fondamental dans ce projet qui est passé d’un projet autofinancé à un projet où le gouvernement des TNO va devoir fournir chaque année 2 millions $ pour les 35 prochaines années. C’est une décision qui n’a pas été ratifiée par les députés et qui n’est pas sujette à un processus de consultation publique à jour », a-t-il déclaré le 28 novembre.
Quelques jours plus tard, le Comité permanent de la conduite des affaires publiques et du développement économique, dont M. Ramsay est le président, a envoyé une lettre au premier ministre Roland exigeant qu’une copie de l’entente de concession conclue avec la Deh Cho Bridge Corporation soit rendue publique ainsi qu’une liste des éléments qui n’ont pas encore été officialisés par rapport à la construction du pont.
Transport Canada donne son OK
Par ailleurs, le ministre des Transports a profité de la dernière journée de session le 30 novembre pour annoncer que le Bureau de protection des eaux navigables de Transport Canada avait finalement donné son approbation à la Deh Cho Bridge Corporation pour aller de l’avant avec la construction du pont.
Il faut se rappeler que Transport Canada avait émis des réserves il y a quelques semaines face au renouvellement de ce permis, préalablement accordé à la Corporation en 2005, et qui essentiel avant d’entamer la construction d’une infrastructure qui pourrait obstruer la navigation. Le département fédéral prétextait des possibilités que des compagnies pétrolières utilisent le fleuve MacKenzie pour le transport d’importantes cargaisons en provenance de l’Asie et destinées aux secteurs des sables bitumineux en Alberta.
Le directeur de projet à la Deh Cho Bridge Corporation confirme que la situation a été réglée dernièrement. « L’espace sous le pont sera équivalent à la grandeur de l’Hôtel Explorer. Il s’agit de six étages de haut. [Les transporteurs] pensaient avoir des cargaisons plus grosses que ça. Ils pourront encore le faire, mais ils devront contourner le pont en faisant des portages [des cargaisons excédentaires] », a-t-il expliqué.
Retour du projet de loi SCAN?
Rejeté lors de la fin de la 15e Législature, le projet de loi visant à accroître la sécurité dans les collectivités et les quartiers, communément appelé loi SCAN, a été ramené par le député de Yellowknife Centre, Robert Hawkins.
Celui-ci a demandé au premier ministre si ce projet de loi, qui donnerait un pouvoir accru aux autorités afin d’intervenir dans les résidences suspectées de tenir des activités illégales, serait à l’ordre du jour de cette 16e Législature.
M. Hawkins a acquiescé que ce projet de loi devait être retouché compte tenu des nombreuses interrogations qui avaient été soulevées lors du premier débat comme sa mise en application et l’atteinte au droit individuel, mais est convaincu qu’une mesure législative doit être prise pour faire face aux problèmes des drogues. « Un équilibre doit être trouvé pour le bien de l’intérêt public pour s’assurer que tous ont le droit de vivre dans une communauté sécuritaire », a-t-il déclaré.
Concédant que les députés s’étaient montrés favorables aux principes de cette loi dans le passé, le premier ministre Roland n’a pas voulu confirmer si le dossier serait ramené à l’avant-scène. À ce sujet, il a réservé une réponse semblable à celles fournies aux autres députés sur différents dossiers. « Une des choses que nous devons faire, dans cette 16e Législature, est de définir nos priorités », a indiqué M. Roland.