Aux Territoires du Nord-Ouest et un peu partout dans le Nord, une maison conventionnelle se construit comme suit : le terrain est préparé, des boîtes de bois qui renferment les matériaux sont acheminées, le casse-tête est assemblé et finalement la maison est habitée. « C’est-tu la maison, ça ? », c’est exclamé Kevin Morais devant la multitude de caisses de bois, lors de son premier jour sur le chantier. Cet apprenti charpentier commençait un contrat de 5 mois pour bâtir une maison de fond en comble pendant les plus durs mois de l’hiver.
Cette bâtisse est un projet de la Société d’habitation des TNO. L’antenne territoriale offre des solutions pour loger des individus et des familles à faibles revenus. L’organisme fait construire des maisons par des entrepreneurs qui, dépendamment de l’entente, fournissent les matériaux ou uniquement la main d’œuvre. Par la suite, la Société d’habitation remet une maison clef en main à un bénéficiaire sélectionné.
Le chantier en question se trouve à Entreprise qui est le premier hameau que les touristes venant de l’Alberta rencontrent après le 60e parallèle. Située à 40 Km au Sud de Hay River, cette communauté de 90 personnes est en plein essor et les gens se mobilisent pour s’offrir services et infrastructures.
Kevin Morais, qui étudie en charpenterie au collège Aurora à Fort Smith, qualifie cette expérience comme une occasion en or pour apprendre son métier. Pour lui, travailler dans une petite compagnie est un avantage certain, ce qui lui permet surtout de ne pas faire son stage dans un secteur trop spécialisé de la construction. « J’ai la chance de travailler sur toutes les étapes de la construction d’une maison. C’est Don, mon boss, et moi qui faisons tout, du plancher à la couverture. Il n’y a que l’électricité et la plomberie qui sont réalisées par d’autres professionnels. Tout vient dans ces boîtes de bois, des montants de 2×4 au pôle du rideau de douche ». Dans la région, il n’est pas vraiment difficile de trouver un contrat d’apprentissage pour les apprentis charpentiers. Ceux-ci doivent compléter 1560 heures de travail sur un chantier avant d’intégrer une nouvelle session d’instruction de 240 heures à l’école. Il faudra ainsi aux apprentis charpentiers, quatre années de 1800 heures pour obtenir leur certificat d’aptitude professionnel. « Après le certificat, tu peux passer un examen pour recevoir le Sceau Rouge, explique Kevin Morais. C’est une reconnaissance d’aptitudes au niveau national et ça facilite la mobilité si tu travailles à travers le Canada ».
Don Ironside est l’entrepreneur à qui est revenu le contrat de construire ce bungalow, une maison de trois chambres à coucher sur un seul étage. Il raconte que c’est la première fois qu’il embauche un apprenti et qu’il est satisfait du travail de ce dernier. « Ce n’est pas facile ici d’obtenir de la main d’œuvre sur laquelle on peut se fier. Si tu en as un, une autre compagnie va essayer de le soudoyer pour qu’il travaille pour eux. En sortant du collège, les apprentis sont à un certain niveau et ils progressent beaucoup sur le chantier », lance-t-il.
La saison a ralenti beaucoup le travail de construction. D’après M. Ironside, en été la maison aurait été construite en deux mois au lieu des quatre en hiver. Le froid et la nécessité d’installer le système de chauffage avant de commencer tout travail de finition imposent de suivre rigoureusement les étapes. Les matériaux sont fournis par des compagnies des TNO qui s’approvisionnent dans le Sud, et l’entrepreneur assure qu’il connaît bien son affaire. « J’ai construit beaucoup de maisons semblables auparavant. Ce sont des maisons qui valent environ 200 000 $ sur le marché. La seule surprise que j’ai alors que j’ouvre les boîtes, c’est de découvrir la couleur du comptoir de la cuisine ou des choses comme ça. Ce sont des maisons durables et fonctionnelles, il nous faut juste suivre les plans de constructions. »
Pour Kevin Morais, la maison est bien faite, assez simple, et pense qu’il n’y a que très peu de choses qu’il changerait. « Durant la construction, je me suis dit quelquefois que j’aurais fait différemment ou j’aurais mis les choses ailleurs, comme pour le système de chauffage, mais ce sont des détails et une question de style généralement. Maintenant, nous achevons la maison, il n’y a pas grand-chose qui peut aller mal avant que l’on remette les clés à la Société d’habitation dans quelques jours », conclut-il.