le Samedi 31 mai 2025
le Vendredi 9 mai 2008 0:00 Économie

Hydroélectricité: Des rapides ou un lac

Hydroélectricité: Des rapides ou un lac
00:00 00:00

À Fort Smith, le sujet de discussion n’est plus de savoir quand les célèbres pélicans viendront séjourner sur les rapides aux abords de la ville, mais plutôt s’ils voudront un jour revenir après la construction d’un barrage sur le troisième des quatre rapides qu’arbore la rivière Slave. Le 30 avril dernier, une réunion publique était organisée par le conseil municipal et le maire de Fort Smith pour entendre les réactions de la population face à la proposition des deux compagnies ATCO power et Trans-Canada Corporation d’installer dès 2013, une centrale hydroélectrique sur la rivière.

Loin d’êtres unis par les mêmes convictions, une centaine de résidents se sont présentés à cette réunion que le maire, Peter Martselos a qualifiée de positive. Rejoint par L’Aquilon, ce dernier a tenu à spécifier qu’il avait invité ses concitoyens à se prononcer sur deux projets. Le premier étant celui du barrage de 1500 mégawatts qui approvisionnerait Fort McMurray et le second portant sur une proposition des compagnies NTCL et Mammoet d’assurer le transport sur la rivière Slave d’énormes modules d’équipements destinés à l’industrie des sables bitumineux toujours au Nord de l’Alberta. « Personne n’a dit que nous allions construire ce barrage, pour l’instant ce qu’a exprimé la majorité des gens c’est que nous devrions aller de l’avant avec une étude de faisabilité. Avec cette étude, nous allons apprendre si ce projet est bon ou mauvais pour la communauté. Ensuite nous déciderons si nous acceptons le projet ou non. En fait, nous allons procéder de la même façon pour le second projet aussi », a déclaré Peter Martselos.

Le maire de Fort Smith assure que même si ces études seront à la charge des compagnies qui présentent ces projets, elles seront faites dans les règles car il a personnellement demandé l’intervention de consultants indépendants pour conduire ces études. Il confie aussi que si le projet du barrage n’a aucun effet sur les pélicans, qu’il n’implique pas d’inondation des terres, qu’il ne perturbe pas la pratique du kayak sur la rivière et qu’il ne nuit pas aux rapides alors il n’a pas de problème avec ce projet.

Premières nations

Si les résidents de Fort Smith peuvent se réjouir d’avoir été consultés, François Paulette se questionne sur la valeur de ces consultations. L’ancien chef de la première nation Smiths Landing basé au sud de la frontière avec l’Alberta, argumente que c’est avec les siens qu’il faut s’entretenir. « Nous possédons les terres qui bordent la rivière, la ville de Fort Smith n’a aucun droit sur cette portion de la rivière. Même si l’eau appartient à tout le monde, Il faut respecter le devoir de consultation », a rappelé celui qui s’est déjà opposé à un projet similaire proposé dans les années 1970. Il clame que toutes les communautés seront affectées par un barrage, que ce soit en aval ou en amont de la rivière. « Je sais que plusieurs communautés ne supporteront pas de tels changements sur une rivière aussi importante que la Slave. Je suppose que le gouvernement territorial n’approuvera pas quelque chose qui touche toutes les communautés le long du fleuve. » M. Paulette assure que les communautés autochtones sauront s’organiser et se rallier derrière une seule et forte voie contre ce projet.

Les rapides

Il est possible que le projet se concrétise sous forme de centrale au fil de l’eau, c’est-à-dire que l’usine qui produirait l’énergie hydroélectrique serait construite sur le cours d’eau sans que son débit ne soit réglé. Son principe peut se résumer à beaucoup d’eau avec une faible chute. elle fournirait une énergie en ruban qui veut dire qu’elle serait continue, mais dépendante du débit, contrairement à une centrale à accumulation qui peut produire sa pleine puissance en l’espace de quelques minutes.

Le sort des kayakistes est en jeu avec ce projet. Pourront-ils encore naviguer sur la portion longue de 26 km entre Fort Fitzgerald et Fort Smith, considérée comme l’un des meilleurs endroits au monde pour pratiquer le kayak de rivière? Le maire Martselos estime que l’étude de faisabilité sera entamée durant les mois d’été, et que c’est ensuite que les gens pourront se faire leur propre idée.