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le Vendredi 23 janvier 2009 0:00 Économie

Francs travailleurs: Extrait et taillé aux TNO

Francs travailleurs: Extrait et taillé aux TNO
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Dix pour cent des diamants extraits des mines exploitées aux TNO doivent êtres taillés aux Territoires. Lorsqu’un diamant a été extrait, taillé et polit ici même, le gouvernement territorial applique son sceau d’expertise sous la forme d’un ours polaire pour la certification Polar bear et sous la forme d’une feuille d’érable pour la certification Polar Ice. La compagnie Arslanian opère deux usines de taillage à Yellowknife, et c’est dans l’une d’elle que travaille Jeannine Pilon, une francophone recrutée et formée aux TNO. « J’ai été la première tailleuse de diamants à travailler aux TNO. J’ai fait ma place dans ce milieu de travail masculin, maintenant je taille des diamants ronds et je suis souvent sollicitée pour faire des présentations et expliquer le travail réalisé sur les diamants canadiens », explique Jeannine Pilon.

Trois étapes séparent le moment où le diamant brut arrive à l’usine et le moment où cette experte du diamant brillant taille les 57 ou 101 facettes d’un diamant de coupe ronde. Mme Pilon explique que le contremaître observe d’abord toutes les pierres reçues et détermine quelle sera la coupe à apposer pour rentabiliser au mieux le diamant. Pour ce faire, le contremaître est épaulé par un diamantifère de New York qui connaît l’état des marchés. C’est à cette étape qu’ils déterminent la qualité et la quantité de la production qui sortira de l’usine. Une fois marqué par le contremaître, l’octaèdre brut est scié en deux. Deux diamants résulteront de cette coupe faite par un disque de cuivre chargé de poudre de diamant, un gros et un petit. « Les diamants sont si durs que le seul matériau qui les coupe efficacement reste le diamant lui-même, souligne la francophone. Sur le tour, la plus grosse partie du diamant est toujours à la même position, car dans l’éventualité d’une impureté sur la ligne de coupe c’est la petite partie qui sera abîmée et non le gros diamant. »

Puis vient l’étape du débrutage, qui grâce à un frottement circulaire souvent automatisé, prépare une ébauche de la forme définitive du diamant, tout en respectant les proportions correctes choisies par le contremaître. Finalement, il ne reste plus qu’à la tailleuse de diamant d’apporter les multiples facettes au diamant. Au bout d’une des quatre rangées alignant une dizaine de postes de taille chacune, Jeannine Pilon travaille proche d’une fenêtre aussi teintée soit-elle (la lumière réfléchie par les facettes des diamants abîmerait les yeux à force). À son poste de travail, une lampe halogène crache une lumière crue sur sa meule qui tourne sur un axe horizontal. Le disque de polissage tourne constamment et rapidement. Après avoir stabilisé la pierre dans un étau miniature qui serre le diamant, la tailleuse évalue les facettes à façonner grâce à une loupe macroscopique et puis commence à appliquer le diamant sur son disque. Cela fait six ans que Jeannine exécute ces gestes avec précisions. Assise aux côtés de celui qui a été son mentor, elle travaille toujours avec la même passion. « Je me sens privilégiée de travailler avec des pierres qui ont des milliards d’années. J’aime tailler pour que les facettes qui agissent comme des miroirs puissent faire jaillir une nouvelle lumière. »

Le diamant taillé et poli est ensuite dirigé au bureau de la qualificatrice qui l’inspecte soigneusement et qui n’hésite pas à le retourner au tailleur si des retouches sont nécessaires. Cette étape passée, le diamant est plongé dans un bain bouillant et la certification au laser est posée sur la rondiste du diamant. Actuellement, ce sont environ 65 diamants certifiés par jour qui sont produits par la compagnie Arslanian, alors que la qualité prime sur la quantité. Sargis Gyulinyan, le vice-directeur de la compagnie, est d’origine arménienne comme la plupart des employés de cette usine. « Le gouvernement du Canada, explique-t-il nous a demandé d’enseigner notre expertise au Canada pour former des travailleurs canadiens à tailler les diamants. Par la force des choses, ce sont finalement des Arméniens qui sont devenus Canadiens pour travailler ici. Jeannine est une des rares Canadiennes qui perdure dans cette industrie. »