Le nouveau plan stratégique pour les occasions économiques, concocté sous l’égide du ministère de l’Industrie, du Tourisme et de l’Investissement, propose une série d’actes à poser pour améliorer la pêche commerciale dans le Grand lac des Esclaves.
Près d’un million de livres de poissons ont été pêchés cette année dans le Grand lac des Esclaves, soit 25 % de plus qu’en 2012. Il s’agit certes un progrès, alors que la pêche commerciale est en déclin depuis plusieurs années. Il n’en demeure pas moins qu’on a pêché moins du tiers du quota disponible et que même à côté d’un des plus gros lacs du monde, sa ressource halieutique n’est pas toujours facile à trouver.
C’est sur ces prémisses que la commission sur la gouvernance de la stratégie des occasions économiques recommande des mesures pour encadrer la pêche. La commission est formée par la chambre de commerce des Territoires du Nord-Ouest, la NWT Association of Communities, la Northern Aboriginal Business Association, l’Agence canadienne de développement économique du Nord et le ministère de l’Industrie, du Tourisme et de l’investissement.
Le plan est de créer un montage d’investissements financier afin de construire et de gérer une usine de conditionnement de poisson, de développer une approche de marketing pour développer les marchés local et extérieur et d’en sécuriser l’approvisionnement. On parle encore de créer des produits à valeur ajoutée, du filet par exemple, et d’aider les pêcheurs à améliorer leur flotte de pêche et à diminuer leurs coûts de production.
Hay River
L’Office de commercialisation du poisson d’eau douce et la Fédération des pêcheurs des Territoires du Nord-Ouest sont deux protagonistes incontournables de la pêche commerciale aux TNO. Le premier possède l’usine de conditionnement de Hay River et les droits pour les marchés canadien (hormis les TNO) et extérieur du poisson du Grand lac des Esclaves, comme pour le poisson d’eau douce de l’Alberta et du Manitoba. Trente pêcheurs territoriaux l’approvisionnent, essentiellement en truite et en corégone. Le président de l’Office, John Wood, a affirmé communiquer régulièrement avec le gouvernement territorial pour le dossier de la construction d’une nouvelle usine à Hay River, où le poisson serait pesé et classé, ce qu’a nié John Colford, gestionnaire en économie traditionnelle, agriculture et pêche au ministère de l’Industrie, du Tourisme et de l’Investissement. Ce dernier évalue sommairement la construction d’une nouvelle usine à environ 3 M$. S’il souligne qu’il faudra attendre encore peut-être deux mois avant que le ministre David Ramsay n’analyse le dossier et que le plan de développement des pêcheries soit mis en application, il évalue à deux ou trois ans le temps nécessaire à la construction de l’usine. « La plupart des pêcheurs sont pour la construction d’une nouvelle usine, souligne Shawn Buckley, dont la famille pêche depuis plusieurs générations à Hay River. Celle-ci coûte trop cher à entretenir. »
Les marchés
Pour Shawn Buckley, le poisson du Grand lac des Esclaves est le meilleur au Canada. Pour développer son exportation, il faudrait que l’on puisse indiquer sa provenance. Or, il est mélangé avec les poissons de l’Alberta et du Manitoba. Et le président de l’Office de commercialisation du poisson d’eau douce ne voit pas de raison pour que ça change. « Une étiquette des TNO n’est pas une option valable, affirme John Wood, personne n’est prêt à payer plus cher pour un tel poisson. Et il faudrait encore que les pêcheurs puissent approvisionner régulièrement le marché. Or, ils ne pêchent actuellement que trois mois par année. »
Cette dernière donnée, à tout le moins, pourrait changer, puisque c’est aussi dans les objectifs de la commission de stratégie des occasions économiques de développer la flotte de pêche territoriale. John Colford rappelle qu’il y a à peine 15 ans, entre 250 et 300 personnes aux Territoires exerçaient un métier associé à la pêche. Alors qu’on exploite moins du tiers du quota des 3,6 millions de livres de pêche autorisée, il y a de la place pour d’autres pêcheurs. Et si un approvisionnement plus régulier ne suffit pas à convaincre l’Office de commercialisation du poisson d’eau douce de créer une marque identifiée aux Territoires du Nord, les pêcheurs pourraient éventuellement rompre leur entente avec l’Office. Il y a des précédents, mais la Fédération des pêcheurs des Territoires du Nord-Ouest a voté l’an dernier pour demeurer au sein de l’Office.
Pour ce qui est du marché local, John Colford assure qu’un grand nombre d’établissements et de restaurants achèteraient plus régulièrement du poisson d’ici si on pouvait leur garantir un approvisionnement régulier. Le gestionnaire d’Industrie, Tourisme et Investissement souligne que par l’intermédiaire du Northern Food Development Program, le gouvernement territorial remet 0,44 $ au pêcheur par kilo de poisson vendu localement. Shawn Buckley observe que le marché local est déjà en développement, notamment dans l’industrie touristique et dans les marchés fermiers.
Nous n’avons pas reçu de commentaires sur le dossier de la part de la Fédération des pêcheurs des Territoires du Nord-Ouest.