Les Territoires du Nord-Ouest compteraient moins de 10 apiculteurs.
Il y a plus que de l’or et des aurores à récolter aux Territoires, il y a aussi du miel. Si l’apiculture ténoise est encore balbutiante, un savoir s’érige et ne demande qu’à être partagé. C’est ce que propose, gratuitement, le Symposium sur la santé des abeilles dans le Nord.
L’évènement, qui prend place au Château Nova du 22 au 24 février, est coordonné par Ecology North et parrainé par le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest. Il s’adresse aussi bien aux néophytes qu’aux apiculteurs et aborde plusieurs sujets comme la biologie, le matériel de production du miel, la lutte parasitaire, les règlementations, les réactions allergènes, etc.
Essais et erreurs
Le samedi à 15 h, les apiculteurs francophones Marie-Christine Auger (Yellowknife) et Daniel Allaire (Fort Simpson) aborderont (en anglais) la gestion de ruchers.
Mme Auger a un baccalauréat en agriculture et a pris un cours en apiculture, mais c’est vraiment sur le terrain, par essais et erreurs, qu’elle a appris à la dure, perdant deux fois ses abeilles, la première fois à cause du froid, la seconde, parce qu’elle avait trop récolté de miel, affamant ainsi son cheptel.
À l’aube de sa troisième saison, elle demeure passionnée. « L’élevage des abeilles, dit-elle, c’est une communion avec la nature. »
Ce sont des abeilles européennes – apis mellifera, que Mme Auger a fait venir de l’Alberta, qui lui ont donné 16 Kilos de miel à sa première récolte, l’automne dernier.
« Les abeilles indigènes des TNO sont solitaires et ne produisent pas de miel, spécifie la jeune femme. Les abeilles européennes vivent en colonie et ont une organisation sophistiquée assez impeccable, avec une reine, des ouvrières, des faux bourdons. »
La reine vit en moyenne deux à trois ans. Quand sa production d’œufs diminue trop, les ouvrières la tuent. Les abeilles nourrices alimentent alors une larve avec la gelée royale, une nourriture différente de celle destinée aux autres larves. « C’est ce qui change sa biologie et fait qu’elle va devenir une reine », explique Mme Auger.
L’apicultrice a installé ses ruches en ville. Les abeilles font leur miel, dit-elle, avec les fleurs des jardins, comme la lavande, le tournesol et le cosmos, et avec des plantes indigènes comme la menthe sauvage, les framboisiers et les cannebergiers.
Contre la froidure
On s’en doutera, aux TNO, le froid est l’ennemi mortel des abeilles. « Une des choses les plus compliquées, c’est de les garder en vie durant l’hiver, concède Mme Auger. J’ai un cabanon isolé, qui les protège du vent et de la neige, mais pas nécessairement du froid, précise-t-elle. Alors j’ai une chaufferette liée à un thermostat qui règle la température. » Cette dernière est en moyenne de 0 degré.
Malheureusement, au printemps passé, ce système a fait défaut alors que les abeilles revenaient de leur premier vol de l’année, qu’on appelle vol de propreté, et que la température a chuté rapidement.
« Je continue, dit Marie-Christine Auger. L’apiculture est nouvelle dans le Nord, il n’y a pas beaucoup de gens qui en font. C’est pour ça que le symposium est important, pour qu’on puisse partager nos secrets. »