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le Jeudi 19 mars 2020 16:01 | mis à jour le 20 mars 2025 10:40 Économie

Opération séduction au CDÉTNO

Opération séduction au CDÉTNO
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Début mars, le Conseil de développement économique des Territoires du Nord-Ouest (CDÉTNO) a convié trois journalistes et une agente de voyage francophones à une tournée des TNO afin de développer le tourisme francophone. Mission réussie ?
Pour cette tournée, le CDÉTNO a fait un appel d’offres et « fait une sélection en fonction des médias visés, de la portée de leur publication », explique l’agente de communications et de marketing du CDÉTNO, Carine Ouedraogo, qui accompagnait les journalistes.
Les visiteurs ont eu droit à un voyage en deux temps : d’abord les atouts de Yellowknife, puis ceux de la région du delta du Mackenzie
Dans la capitale, ils ont fait du traineau à chien, de la pêche sur glace et de la motoneige, apprécié la restauration, assisté à une fête dénée et scruté le ciel en quête d’aurores boréales.
Dans l’Arctique, ensuite, les voyageurs ont poursuivi leur recherche céleste, mais aussi dormi dans un iglou, visité Aklavik, Inuvik et Tuktoyaktuk, rencontré des autochtones, artisans et guides, qui leur ont parlé du pays, de chasse et de pêche, mais aussi de colonisation et de changements climatiques.
Une seconde chasse aux aurores et un souper avec des Ainés de Tuktoyaktuk ont été annulés sans explication.

Un de ses plus beaux voyages
Bernard Gauthier, de LaMétropole.com, un vétéran du journalisme d’aventures qui a presque fait le tour de la planète, est sorti de ce périple ravi.
« J’ai adoré, déclare-t-il. À part l’Asie, c’est un des plus beaux voyages que j’ai faits. C’est ce que je voulais, vivre l’expérience arctique, le froid et les communautés autochtones. »
Il a par-dessus tout adoré contempler l’océan Arctique. « Ça va rester gravé dans ma mémoire », assure-t-il.
Il a bien aimé la pêche sur la glace, le traineau à chiens et la motoneige, même s’il s’agissait de modèles à deux temps, plus polluants et bruyants que ceux à quatre temps.
Il complimente aussi le sens de l’organisation de Carlos Gonzales le propriétaire de Yellowknife Outdoor Adventures.
Cependant, Bernard Gauthier considère qu’il faudrait communiquer davantage, par exemple pour expliquer le fonctionnement des traineaux à chien, la fréquence des aurores boréales et les conditions d’habitation des iglous. « Ce n’est pas pour tous les voyageurs, c’est une expérience extrême », considère-t-il.

Extraordinaire mais non sécuritaire
Janylène Boucher a tellement adoré son séjour qu’elle songe à revenir aux Territoires pour y faire de la randonnée.
En attendant, elle anticipe décortiquer son expérience touristique pour les magazines Nature Sauvage et Dernière Heure.
« J’ai trippé du début à la fin, s’exclame-t-elle. C’était super le fun. »
La journaliste spécialisée en plein air et aventures est particulièrement enthousiaste à propos de Yellowknife de ses restaurants et des personnes rencontrées.
Ses commentaires sur le passage dans le Beaufort-Delta s’avèrent plus mitigés.
« Ce n’était pas sécuritaire, déplore-t-elle. Si la génératrice avait lâché [au site d’iglous], qu’aurions-nous fait ? »
« Ça devrait être plus glamping, ajoute-t-elle, avec des peaux d’animaux, des sacs de couchage plus performants. »
Janylène Boucher fustige également le manque d’organisation et de service à la clientèle de cette partie de la tournée de presse.
« Nous étions gelés dans la camionnette, explique-t-elle. Il a fallu s’habiller dehors, les vêtements qu’on nous a apportés étaient tellement gelés qu’ils étaient difficiles à déplier. C’est ridicule, tu ne fais pas ça à un client. »
Pour Mme Boucher, il y a eu un manque de leadeurship et on n’a pas compris qu’il faut offrir davantage aux journalistes, qui sont les porte-paroles de l’offre. Une correspondante de Radio France Internationale a également participé à la tournée.

Tourisme évènementiel
Il s’agissait d’une première expérience depuis des années dans ce type d’évènement pour le CDÉTNO, de dire son directeur général, François Afane. Ce dernier n’a pas indiqué combien avait couté l’opération, disant que les subsides sont inclus dans une enveloppe globale provenant de l’Agence canadienne de développement économique du Nord. Inscrit dans la diversification économique des Territoires, le développement du tourisme francophone se fait en partenariat avec Tourisme TNO.
Le public cible, ce sont les francophones canadiens et européens, dit M. Afane, sans préciser leur groupe d’âge ou leur profil socioéconomique. Dans la mesure du possible, le CDÉTNO a mis de l’avant pour ce voyage de presse les ressources francophones des TNO, en plein air et en gastronomie, notamment. L’organisme a aussi expliqué aux visiteurs la réalité francophone locale. En 2020-2021, l’organisme veut continuer à développer le tourisme francophone, mais en axant ses efforts sur le tourisme évènementiel (colloques et autres), un créneau plus profitable pour l’économie locale que les touristes individuels. Aucun financement à cet effet n’est pourtant confirmé pour l’instant.

L’Aquilon a pris part à cette tournée organisée par le CDÉTNO à ses propres frais. Toutes les dépenses ont été réglées par le journal.