L’administratrice en chef de la santé publique, Dre Kami Kandola, avec l’appui du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, a décidé que chaque personne arrivant sur le Territoire, incluant les résidents, doit s’isoler 14 jours. Quatre centres régionaux sont désignés : Hay River, Yellowknife, Inuvik et Fort Smith. Ainsi, il est impossible pour un habitant d’une autre collectivité d’y retourner avant la fin de cette période de quarantaine.
Convives en confinement
Ariel Lau, 32 ans, est étudiante en commerce à Calgary. Malgré le fait que sa famille soit installée dans la capitale, elle a fait le choix de ne pas passer son confinement à la maison, de peur de contaminer ses proches. Elle loge depuis le 12 avril à l’hôtel Days Inn de Yellowknife.
« J’ai reçu un courriel du GTNO qui m’indiquait toutes les démarches pour revenir chez moi si je le souhaitais, explique la jeune femme. Il a fallu que je remplisse un formulaire en ligne détaillant ma situation, c’était étonnamment simple et, au final, très efficace ! »
Arrivée à Yellowknife, elle est conduite directement à l’hôtel trois étoiles. « Une prison de luxe », s’amuse-t-elle. Les règles sont simples : ne sortir de la chambre qu’en cas de promenade qui ne doit pas excéder une heure, ou bien pour prendre une boisson dans le salon d’accueil, ne pas communiquer avec les autres convives. Aucun visiteur n’est autorisé.
« Tout est payé par le gouvernement, mes trois repas sont tous les jours servis à ma porte », indique l’étudiante.
Autonomie
« Les femmes de ménage ne viennent pas nettoyer les chambres comme dans n’importe quel établissement, on change nous-mêmes nos draps et serviettes une fois par semaine. »
Les déchets doivent être déposés devant sa porte et toute demande doit être faite au téléphone, puis livrée ou cherchée à la réception.
« Un moment, j’ai renversé de la nourriture sur le tapis, j’ai pu réserver l’aspirateur pour 30 minutes », se souvient-elle. Il en est de même pour le lavage des vêtements, il est nécessaire d’inscrire son nom sur une feuille afin de ne pas se retrouver à plusieurs dans la buanderie.
« Nous ne sommes pas obligés d’avoir des masques ou bien des gants, seul le personnel en porte », témoigne Ariel Lau.
Toujours dans la capitale, cette fois-ci à l’hôtel Explorer, un accord a été passé avec le gouvernement du Nunavut. Dans ce territoire, si aucun cas n’est pour l’instant recensé, le gouvernement a pris des mesures très strictes. Sont seulement autorisés à passer la frontière, les résidents et travailleurs essentiels, et ce, après une période de confinement à l’extérieur.
« Nous accueillons environ une trentaine de personnes dans ce cas, qui doivent résider dans l’une des quatre villes désignées avant de pouvoir retourner chez eux », détaille le directeur général de l’établissement trois étoiles. Un numéro spécial est mis en place et les conditions sont similaires à celles du Days Inn.
Et les gites ?
Pour les plus petites structures, la possibilité d’accueillir des personnes en confinement n’est pas une option. Le constat est sans appel : la fermeture est inévitable pour les prochains mois.
Chez Lou & Francis, une maison d’hôtes située dans le quartier de Kam Lake, les clients ont déguerpi depuis début mars.
« Tous nos clients ont annulé leur réservation, donc on a été obligés de fermer, s’attriste l’un des deux gérants du modeste établissement. Nous sommes vraiment dans une très mauvaise situation et tous les gites sont dans le même cas. »
Depuis le 20 mars, le GTNO annonce le déblocage de différents montants afin d’aider particuliers et entreprises. Au total, une enveloppe de 21 millions de dollars est actuellement investie. Elle s’ajoute aux 27 milliards déployés par le fédéral dans le cadre du Plan d’intervention économique du Canada pour contrer les difficultés liées à la COVID-19.
« Nous allons offrir aux petites entreprises le financement nécessaire dans la mesure de nos moyens », a déclaré la ministre de l’Infrastructure, de l’Industrie, du Tourisme et de l’Investissement, Katrina Nokleby.
« À long terme, nous allons travailler avec le milieu des affaires pour planifier la reprise économique. Dans l’intervalle, j’encourage les résidents à faire leur possible pour soutenir les entreprises et les fournisseurs de services locaux. »