Dans les filets de l’OCPED
L’objectif de sortir de l’Office de commercialisation du poisson d’eau douce (OCPED) et de vendre directement aux marchés du Sud du poisson estampillé « pêché aux TNO » existe toujours, mais est ajourné à une date indéterminée.
« Une mise en marché distinctive du poisson des TNO est toujours le but à long terme, assure le gestionnaire à l’agriculture et aux pêcheries commerciales du gouvernement ténois, Andrew Cassidy. Nous reconnaissons que le poisson qui sort du Grand lac des Esclaves est spécial, un des meilleurs poissons d’eau douce. On veut faire la promotion de cette marque et s’assurer que les pêcheurs aient le meilleur prix pour leur produit. »
Sortir de l’OCPED
Mais pour acquérir leur autonomie dans la mise en marché, les TNO doivent s’extirper du pacte juridique qui les lie à l’OCPED.
C’est ce qu’a affirmé la ministre de l’Industrie, du Tourisme et de l’Investissement, Caroline Wawzonek, lorsque questionnée sur la nouvelle usine de traitement de poissons à la fin de la dernière session parlementaire.
En attendant, a-t-elle souligné, la Loi sur la commercialisation du poisson d’eau douce, dont les TNO demeurent les seuls signataires, garantit un revenu plancher aux pêcheurs commerciaux ténois sur une base régulière. « Mais il y a aussi un plafond [à ces revenus] », a convenu Mme Wawzonek.
La ministre a expliqué que pendant un temps, le GTNO a attendu après les transformations à l’Office promises par le fédéral pour devenir autonome.
« Nous n’attendons plus après eux, et nous allons chercher une façon […] pour permettre aux pêcheurs de vendre en dehors des limites de la loi, et/ou créer nos propres lois […] pour ne plus être dépendants de la Loi sur la commercialisation. »
Pour M. Cassidy toutefois, le fait que les TNO soient toujours assujettis à la législation est aussi dû à un manque d’unanimité chez les pêcheurs commerciaux.
« On a parlé d’en sortir depuis que l’Office de commercialisation existe, mentionne-t-il, avec humour. […] Mais on ne prendra pas nous-mêmes cette décision. On veut que ce soit l’industrie et les pêcheurs qui le manifestent, mais on n’a pas eu une voix unifiée. »
Frais de fonctionnement
Les dépenses prévues pour la première année d’opération de la nouvelle usine sont de 2,2 millions $, alors que les revenus anticipés sont de 1 million $ cette année et de 1,5 million $ pour la suivante.
« La production [de poissons] a baissé dans les cinq dernières années, a dit Mme Wawzonek. Avec pour résultat qu’il y a un écart entre ce qu’on attend comme revenus et les frais de fonctionnement. On vise à recevoir un prix plus élevé pour le poisson et à ne plus avoir à financer l’usine. »
La députée de Great Slave, Katrina Nokleby, a qualifié de « mauvais plan » la stratégie du GTNO pour financer l’industrie de la pêche, attirer davantage de pêcheurs et se rapprocher du quota de poissons fixé au Grand lac des Esclaves, qui n’est jamais atteint. Il y a environ 20 permis de pêche commerciale à Hay River et une douzaine à Yellowknife. Son collègue de Hay River Sud, Rocky Simpson, a appuyé ses propos.
« Il faut maximiser le prix à la livre que les pêcheurs reçoivent pour leur poisson, a dit M. Simpson. […] Si personne ne veut payer un bon prix pour ça, on tire l’argent par les fenêtres. »
La réunion du 1er juin
« C’est au printemps que l’Office de commercialisation communique sa liste de prix aux pêcheurs, qui savent alors ce qu’ils vont recevoir par espèces et par poids, explique le gestionnaire à l’agriculture et aux pêcheries commerciales. […] Le prix cette année est meilleur que l’an dernier, qui était un des plus hauts depuis longtemps. »
Le 1er juin dernier, l’OCPED et le gouvernement ténois rencontraient les pêcheurs commerciaux à Hay River. « C’était une occasion de parler des programmes de formation en place pour les supporter », explique M. Cassidy.
Après la rencontre, le gestionnaire de la page Facebook de la Coopérative de pêcheurs Tu Cho a écrit : « Nous n’avons même pas été invités à visiter la nouvelle usine. L’OCPED a pris les clés de la vieille et de la nouvelle usine et en l’espace d’un jour, nous n’avons même plus un bureau. »
« Nous sommes les serviteurs d’une corporation de la couronne, a écrit sur cette page la porte-parole de Tu Cho, Jamie Michelle Linington. Ils n’ont pas de respect pour les pêcheurs ou ils ne déplaceraient pas notre administration et notre inventaire sans préavis. »
Tu Cho et l’Office de commercialisation n’ont pas répondu à nos demandes d’entrevue. « Il y aura une occasion de visite lorsque la construction de la nouvelle usine se terminera », assure Andrew Cassidy.
Transformation et expédition
La nouvelle usine de poisson devrait être opérationnelle fin juin, début juillet. En attendant, le poisson continuera d’être empaqueté et expédié à l’OCPED à Winnipeg à partir de l’ancienne usine, qui appartient au fédéral.
À la nouvelle usine, la transformation – filetage, etc. – se fera sur une quantité croissante de poissons au fur et à mesure de la mise au point du système et de ses travailleurs. C’est un produit fini, prêt à aller sur les tables, qui sortira d’Hay River. Le gouvernement souhaite que l’usine soit gérée localement dans trois ans.
La formation des travailleurs de l’usine, qui œuvreront en grande partie sur des procédés automatisés, n’est pas encore commencée. Elle sera donnée à Hay River par l’Office de commercialisation. « C’est très différent de ce à quoi les gens sont habitués, explique Andrew Cassidy », qui ajoute qu’en période maximale de pêche, une vingtaine de personnes devrait être employée sur un quart de travail.
Un point de chute à Yellowknife
Les pêcheurs du côté nord du Grand lac des Esclaves auront un point de chute à l’usine de traitement de poisson de Derek Forsbloom, à Yellowknife. À partir de là, le poisson sera transporté par camion trois fois par semaine à Hay River.
« Nous sommes très excités, s’enthousiasme Andrew Cassidy, parce qu’on n’a pas eu ça ce type d’infrastructures auparavant. On espère que ça va fournir une occasion pour les pêcheurs du Slave Nord de participer à un type différent de pêche commerciale. […] Ils n’auront pas la valeur de filets qu’ils vendraient, mais c’est une opportunité pour eux d’augmenter la production. »