le Mercredi 16 avril 2025
le Samedi 12 avril 2025 17:32 | mis à jour le 12 avril 2025 17:38 Économie

Pour en finir avec la crise du logement dans le Nord?

Pour Ray Sullivan, directeur de l’Association canadienne d’habitation et de rénovation urbaine, il est crucial de résoudre très rapidement la crise du logement qui touche tout le Canada. — Courtoisie
Pour Ray Sullivan, directeur de l’Association canadienne d’habitation et de rénovation urbaine, il est crucial de résoudre très rapidement la crise du logement qui touche tout le Canada.
Courtoisie
Le 7 avril 2025, la Coalition canadienne pour le logement (CCL) a dévoilé un plan d’action afin de faire face à la crise du logement qui sévit partout dans le pays et ainsi contrer les injustices du système du logement au Canada.
Pour en finir avec la crise du logement dans le Nord?
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Ce plan, présenté comme un filet de sécurité qui permettrait de résoudre cette crise, est accompagné de dix recommandations allant de la règlementation à la protection des locataires. L’innovation et la formation de la main-d’œuvre sont aussi abordées. 

Ray Sullivan, directeur de l’Association canadienne d’habitation et de rénovation urbaine, qui a pris part à l’élaboration de ce plan, rappelle que la situation de crise dans laquelle se trouve le Canada ne date pas d’hier.

Le système actuel ne fonctionne plus et beaucoup de gens ne peuvent pas trouver de logements décents et abordables dans la situation actuelle. Nous devons donc changer le système et changer les règles du jeu lorsque les gens ont l’impression que tout est joué contre eux. Cela s’applique encore plus aux communautés qui sont encore plus vulnérables à la crise du logement dans le Nord, aux communautés rurales, aux communautés autochtones en particulier.

— Ray Sullivan, directeur de l’Association canadienne d’habitation et de rénovation urbaine

Plusieurs recommandations parmi les dix divulguées auront un impact dans le Nord, selon M. Sullivan. La façon dont les logements sont pensés n’a pas changé depuis 100 ans, pense-t-il et cette façon de faire doit évoluer. Repenser les logements, les intérieurs et la façon dont ils sont construits est plus que jamais nécessaire, car cette façon de faire est extrêmement couteuse. 

 

« Il s’agit de réfléchir à des logements dont la production est plus panélisée, plus modulaire et plus industrielle. Cela aura un impact important dans le Nord, où le cout des matériaux, la disponibilité de la main-d’œuvre et le cout de la construction sont beaucoup plus élevés que dans le Sud ».

 

Transformer les édifices déjà existants 

 

L’une des solutions à envisager est la réutilisation d’immeubles ou de structures déjà existantes. En mettant en place des mesures de protection nécessaires pour préserver l’infrastructure des dommages liés aux conditions météorologiques, en attendant la reconversion en logement de l’édifice, il y aurait une réduction des couts importants, car, comme le rappelle M. Sullivan, le logement le moins cher est celui qui existe déjà. 

 

« Préserver les logements existants, convertir des hôtels, des bâtiments adaptés pour créer des logements devrait être plus rapide et facile », pense-t-il. 

 

Des logements par et pour les autochtones

 

Alors que la Coalition canadienne pour le logement considère les programmes de logements conçus par et pour les autochtones comme fondamentaux pour faire face à cette crise, M. Sullivan rappelle que de tels programmes ne peuvent pas et ne doivent pas être conçus à l’extérieur des communautés. 

 

« Avec ces programmes, l’expertise locale est utilisée pour s’assurer que le projet est mené à bien et de manière appropriée. Ces programmes et ces conceptions ne peuvent pas être élaborés à Ottawa ou à Toronto. Ils doivent tirer parti des connaissances locales, de la compréhension locale des conditions de construction, des possibilités de construction et des matériaux ».

 

La CCL s’est dite heureuse de constater que les principaux partis politiques ont repris des éléments de leur stratégie pour la création de leur programme électoral. Il est indéniable que, même si l’attention générale se porte, à juste titre « sur les guerres tarifaires et les stocks économiques à venir, cette situation est liée à la crise du logement existante et préexistante que connaissent déjà les habitants de tout le pays, y compris ceux du Nord », élabore le directeur.  

 

« Alors que nous cherchons un moyen de rendre notre économie plus résistante, nous savons qu’il est crucial de rendre notre système de logement plus résistant, de s’assurer que nous disposons d’un filet de sécurité en matière de logement pour les personnes qui traversent ces grandes transitions. Il y aura des licenciements, des gens qui perdront leur emploi, des gens qui perdront leur logement. Dans notre économie, nous ne pouvons pas nous permettre de laisser cela se produire. Nous ne pouvons pas nous permettre, socialement ou économiquement, que cela se produise », conclut-il.